…première phase du développement du nucléaire militaire. La sécurisation énergétique du monde occidental ressemble à celle de la politique coloniale des canonnières.
Considérer le mode de vie du monde riche comme un îlot à protéger par la force relève d'une cécité mentale qui sera balayée par la crise. Au lieu d'aligner la France sur les valeurs de la famille atlantiste, vous seriez plus inspiré, monsieur le Premier ministre, d'en finir avec les paradis fiscaux, d'annuler la dette odieuse qui fait crever de faim des millions d'humains dans le monde, ou encore de réaliser les objectifs du millénaire sur la santé, l'éducation et le développement, adoptés à l'unanimité des pays membres de l'ONU en 2000.
En juin 2007, peut-être vous en souvenez-vous, Nicolas Sarkozy a lancé l'opération « Livre blanc ». En fait, il poussait à contretemps la doctrine d'emploi des forces françaises dans le sens d'un alignement sur les normes du système stratégique, sécuritaire et expéditionnaire du Pentagone.
Or, en quelques mois, la crise a modifié tous les paramètres des menaces et des décisions en matière de défense et de sécurité. Cette nouvelle donne exigerait au contraire un Livre blanc européen de la défense.
Mes chers collègues, si la question de la guerre redevient une question essentielle, c'est que la crise s'approfondit. On ne peut sans cesse comparer 2009 à 1929, sans voir que 1929 a précédé 1933 et 1940. Aujourd'hui ce qui est en jeu, ce n'est pas le nombre de missiles balistiques. Nous savons que les guerres ne seront pas conduites pour conquérir des territoires, comme par le passé, mais pour garantir la sécurité énergétique, pour piller les ressources en eau, pour maîtriser les matières premières nécessaires au fonctionnement des pays riches. Ces guerres, nous le savons, excluront les pauvres et organiseront ce qui a commencé d'être à l'oeuvre : l'apartheid planétaire.
Dans ces conditions, l'OTAN sera un instrument de cette guerre militaire, un gendarme du monde, qui sera prêt à l'emploi, pour organiser l'apartheid planétaire.
Nous ne voulons pas de cet OTAN-là. Nous allons même plus loin, nous sommes pour sa dissolution. La France et l'Europe ne sont pas solubles dans l'OTAN. Elles valent mieux que ce triste destin auquel vous nous préparez. Ces questions méritaient vraiment un débat sanctionné par un vote Mais vous avez eu peur de votre majorité. Vous avez eu peur des Français, monsieur le Premier ministre, et vous vous êtes malheureusement transformé en exécuteur des volontés d'un Président de la République qui a pris les décisions avant même que de nous faire débattre.
Franchement, nous avons le sentiment d'être ici une armée des ombres et d'avoir été trahis depuis le Congrès de Versailles, lorsque vous nous avez promis que vous renforceriez les pouvoirs du Parlement. Aujourd'hui, le Parlement n'est considéré par le Président de la République que comme une serpillière sur laquelle il essuie ses mocassins bouclés. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur de nombreux bancs du groupe SRC.)