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Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 17 mars 2009 à 15h00
Débat et vote sur la déclaration du gouvernement relative à la politique étrangère

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Les paris, ils les perdent tous !

Mais la deuxième question est la suivante. Il y a un juge de paix, pour ceux qui connaissent ces sujets, un juge de paix absolu. Cela fait des années et des années que nous avons une controverse avec les Américains, avec les Britanniques, sur la question d'un état-major massif au niveau européen. Avez-vous avancé sur ce point ? Pouvez-vous nous dire que vous avez des garanties qui vous permettraient d'engager ce pari avec une chance de le gagner ?

D'autre part, lorsque vous parlez de la défense européenne, le raisonnement s'inverse totalement. On sait que dans toute une série de pays de l'Est, on est opposé à la constitution d'une défense européenne. À partir du moment où la France – qui défend, jusqu'ici, un pilier européen – se sera elle-même ralliée à une intégration de l'OTAN, croyez-vous sincèrement, monsieur le Premier ministre, que les pays de l'Est, et d'autres, vont défendre ce concept que la France elle-même aura d'une certaine manière, à leurs yeux, abandonné ? Croyez-vous qu'ils engageront les dépenses militaires nécessaires ? Nous ne le croyons en aucun cas. Vous nous dites que la réintégration dans le commandement militaire va encourager la défense européenne, vous risquez au contraire de la tuer. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Je veux ajouter deux ou trois arguments qui mériteraient d'être examinés.

D'abord, une question absolument incontestable se pose, celle du consensus. Il n'y a pas beaucoup de terrains de consensus, en France, et vous-même, monsieur le Premier ministre, vous brocardez la gauche en disant : il faudrait le consensus, il faudrait le consensus. Mais alors que le consensus existait jusqu'ici sur ce terrain, et depuis des décennies, c'est vous-même, monsieur le Premier ministre, et vous, mesdames et messieurs de l'UMP, qui faites en sorte qu'il ne puisse plus exister. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

Vous nous dites : l'Amérique change. Et vous, comme M. Copé, avez cité M. Obama. Nous sommes, comme vous, j'en suis sûr, ravis de l'élection de M. Obama, et très admiratifs de ces premiers pas. Mais enfin, nous devons à l'histoire de rappeler que ce n'est pas avec M. Obama que M. Sarkozy a décidé la banalisation de la position de la France, c'est avec le peu regretté Président Bush. Et il ne faudrait pas réinterpréter l'histoire aux fins de justification d'une décision contestée. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

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