Madame la secrétaire d'État, je suis déjà intervenu à maintes reprises pour exprimer ma grande inquiétude sur le CHU d'Amiens.
Pour mémoire, la chambre régionale des comptes de Picardie, dans son rapport d'avril 2008, a souligné que le projet de monosite regroupant les hôpitaux nord et sud d'Amiens « n'est toujours pas maîtrisé ni sur le plan technique ni sur le plan financier ». D'ailleurs, ajoute-t-elle, « cette opération d'une ampleur exceptionnelle n'a été précédée d'aucune étude préalable comparant et chiffrant les avantages et inconvénients d'un regroupement avec l'hypothèse de rationalisation sur plusieurs sites ». Elle observe également que « de nombreux centres hospitaliers, dont le CHU, fonctionnent de façon rationnelle et avec des performances médicales et financières honorables sur plusieurs sites ». Il est dit enfin que l'ampleur du déficit des opérations courantes ne permet pas d'envisager raisonnablement le financement du projet monosite dans sa configuration actuelle.
L'hôpital nord, qui couvre un quartier de près de 50 000 habitants parmi les plus défavorisés, accueillant une zone industrielle – avec Valeo, l'amiante, des entreprises classées Seveso… –, est légitime. Sur la base de l'examen réalisé par la chambre régionale des comptes, nous avons fait circuler une pétition pour injecter des moyens supplémentaires en faveur du développement du CHU, obtenir du personnel supplémentaire et améliorer les conditions de travail et la sécurité des malades. Plus de 20 000 signatures ont été recueillies.
Le monosite a néanmoins été lancé, malgré le compte financier du CHU pour 2008. J'ai apporté les documents financiers fournis au conseil d'administration, car Mme la ministre de la santé conteste souvent les données que j'avance. Ce compte fait apparaître un creusement du déficit sur l'année : 46 millions d'euros de déficit en 2007, 52 millions en 2008.
On peut noter une trésorerie tendue, nécessitant régulièrement le recours à la ligne de trésorerie. En outre, la capacité d'autofinancement se dégradera rapidement lorsque les frais financiers liés aux emprunts pour la construction du nouveau CHU monteront en charge ; même des provisions importantes ne permettront pas gager plus de 50 % du déficit, et peineront à couvrir les surcoûts en termes de charges de la dette et d'amortissement liés à l'opération de construction.
De plus,…