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Intervention de Jean Mallot

Réunion du 16 juillet 2008 à 21h30
Droits et devoirs des demandeurs d'emploi — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Mallot :

Vous laissez entendre que votre objectif serait de réduire le nombre d'offres d'emplois non pourvues, de l'ordre de 300 000 à 500 000, selon les déclarations, que vous rapprochez des 2 millions de personnes inscrites à l'ANPE. En réalité, en 2007, celle-ci a collecté 3,7 millions d'offres et réalisé 2,1 millions de placements. Les 300 000 à 500 000 offres mentionnées correspondent donc au chômage frictionnel incompressible, puisqu'une offre ne peut pas être satisfaite dans l'instant et reste disponible un certain temps avant d'être pourvue. Quant à celles qui demeurent non pourvues, il faut se demander pourquoi elles ne trouvent pas preneurs, alors que l'immense majorité des chômeurs, vous l'avez dit, recherche de bonne foi un emploi.

J'observe enfin qu'aucune mesure n'est prévue dans le projet de loi, en faveur de la formation professionnelle. L'UNEDIC reconnaît n'avoir dépensé en 2007 que la moitié du budget dont elle dispose pour la formation des demandeurs d'emploi, alors même que l'efficacité de celle-ci est reconnue. En fait, votre objectif, lorsque vous mettez la pression sur les demandeurs d'emploi et faites porter votre effort sur la sanction, est bien de radier encore plus, pour dégraisser la statistique et, tel Tartuffe, cacher ces chômeurs que vous ne sauriez voir.

Pour être inutile et inadapté, votre projet n'en est pas moins dangereux. Il présente les demandeurs d'emploi comme des fraudeurs en puissance, comme des coupables plutôt que comme des victimes du chômage. Alors que moins de la moitié d'entre eux perçoit une indemnisation, alors qu'il n'y a manifestement pas assez d'emplois véritables pour tous – plus des deux tiers des offres correspondent à des emplois précaires à durée déterminée –, et alors même que le chômage est vécu par eux comme une mise à l'écart de la société, vous les contraignez à se justifier en permanence.

Cette manière d'imputer la culpabilité à la victime me rappelle une affirmation de notre collègue de l'UMP Jean-Frédéric Poisson, auteur d'un rapport sur la pénibilité au travail : « Il arrive encore souvent que les travailleurs soient eux-mêmes la cause de la pénibilité qu'ils subissent, ne serait-ce qu'en ne respectant pas les consignes ou la réglementation, en gérant leur travail de manière à maximiser leur temps libre » – les bougres ! – « sans veiller à préserver les rythmes biologiques naturels ou en ne mettant pas à profit les périodes de récupération ou de congés pour se reposer. »

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