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Intervention de Victorin Lurel

Réunion du 12 juillet 2007 à 9h30
Travail emploi et pouvoir d'achat — Après l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVictorin Lurel :

Permettez-moi de revenir sur la question posée par mon collègue Éric Jalton, afin que chacun d'entre nous prenne conscience de l'ampleur de la catastrophe.

Il ne s'agit pas seulement de la Guadeloupe et de la Martinique, mais de la Caraïbe tout entière, dont les sols sont pollués par les pesticides de la famille des organochlorés, notamment le chlordécone, le mirex, ainsi que tous les isomères de cette famille.

En Guadeloupe, sur 40 000 hectares de terres, 5 000 sont concernés. Alors que ce texte vise à encourager ceux qui travaillent déjà à « travailler plus pour gagner plus », nous allons perdre des emplois.

Les reconversions, les diversifications sont désormais inadéquates. Les chercheurs ont montré que, les pesticides remontant dans la sève, les bananes – production majeure de la Guadeloupe et de la Martinique – ne sont plus à l'abri de la contamination.

Lors d'une session plénière, le conseil régional de la Guadeloupe a été envahi par des militants politiques –écologistes ou nationalistes – et par des élus venus dénoncer l'inertie de l'État. Nous connaissons le taux de prévalence du cancer de la prostate, du cancer du sein, des malformations congénitales le plus important au monde ! Il s'agit d'une véritable catastrophe sanitaire ! Et si l'on ne fait rien, il faudra faire face à l'opinion publique guadeloupéenne et martiniquaise.

Il y a bien eu une mission d'information, en effet – alors qu'une commission d'enquête parlementaire d'enquête avait été demandée. Mais elle a plus divisé que réuni. Savez-vous que le ministère de la santé a refusé de nous recevoir ? Que le service des douanes n'a pas été entendu ? Ni celui de la protection des végétaux ? Les responsabilités n'ont pas été recherchées : on n'a fait que ménager les uns et les autres. Quatorze ans après l'interdiction, décidée en 1993, il subsiste encore des stocks de Curlone ou de Kepone – noms commerciaux de ces produits – dans les hangars à bananes ! Manifestement, il existe des filières d'importation illégale en provenance des États-Unis, mais ce point n'a jamais été élucidé !

L'État, par la voix de M. Bussereau, alors ministre de l'agriculture, a promis des indemnisations. Mais, à mesure que les questions posées se font plus précises, les engagements tendent à s'amenuiser. On nous a dit que les pertes liées à la destruction des récoltes seraient indemnisées, alors que nous savons, dans l'état actuel de la recherche, que les sols pollués de Guadeloupe et de Martinique devront être gelés pendant 516 ans !

L'État doit prendre un engagement fort. Il existe une demande de l'opinion publique, relayée, je l'espère, par tous les parlementaires d'outre-mer, au-delà des clivages politiques, en faveur d'une véritable commission d'enquête parlementaire, afin de faire toute la lumière sur le sujet.

Par ailleurs, depuis la loi de juillet 1992, les distributeurs d'eau doivent mettre à la disposition des usagers une eau exempte de toute contamination. Or, depuis quinze ans, en Guadeloupe et en Martinique, les communiqués des DSDS et les DRASS, qui valident la conformité des eaux distribuées, sont mensongers. La responsabilité des services de l'État est donc engagée, comme l'est celle des sociétés commerciales de distribution, mais personne ne veut en parler. Quand on évoque la question, comme aujourd'hui, on nous renvoie aux calendes grecques : « Dormez tranquille, nous pensons à vous ! »

L'État doit s'engager à résoudre ce problème de santé publique ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical et citoyen.)

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