Soit. Nous tenons donc tous l'ANAH et l'ANRU en haute estime. Nous nous faisons aussi une certaine idée de ce que devrait être leur rôle et de l'ampleur de leur tâche – et c'est ici, sans doute, ce qui nous différencie. Nous considérons, en effet – André Chassaigne l'a rappelé –, que la situation, en France, est catastrophique. Au-delà des événements de 2005, on ne peut que déplorer la situation de nos villes d'une manière générale et, plus particulièrement, la situation des villes fortement marquées par la désindustrialisation, par la crise urbaine. L'architecte-urbaniste Roland Castro l'a dit : il y a une dette sociale.
Vous avez raison, monsieur Méhaignerie – mais c'est en quelque sorte un aveu –, d'estimer que la situation est telle qu'il ne faut pas créer un appel d'air. Nous sommes d'accord sur le rôle de l'ANAH et de l'ANRU, sur les objectifs que nous leur assignons et sur leur ampleur. Mais ce que nous contestons, c'est qu'au regard de ces objectifs, le Gouvernement a complètement changé les règles du jeu par le biais d'un désengagement massif de l'État. Nous nous devons de le marteler, sinon à quoi bon parler de quoi que ce soit ?
Quels moyens mettez-vous à la disposition des collectivités locales pour résoudre les problèmes dont nous parlons ? Ces moyens sont de plus en plus insuffisants. Vous soutenez ne jamais avoir disposé d'autant de crédits qu'actuellement. Revenons à la réalité : chacun sait que vous « pompez » dans la caisse du 1 % logement. Pouvez-vous soutenir que, dans trois ans, vous aurez encore cette manne à disposition ? Vous savez bien que non. Les responsables du 1 % logement et même la direction de l'ANRU savent bien que, dans trois ans, vous aurez tellement « pompé » les finances du 1 % logement que vous n'aurez plus ces moyens.
Il faut donc se demander si, à partir des objectifs que vous vous fixez, des outils pour les atteindre que sont l'ANRU et l'ANAH, vous serez à même, grâce à une mobilisation générale, de résoudre nos grands défis urbains.