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Intervention de Jean Lassalle

Réunion du 17 octobre 2008 à 21h30
Grenelle de l'environnement — Article 48

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Je ne suis sûr de rien, madame la présidente. (Rires.)

Je vais commencer en évoquant les lycées agricoles. J'ai été formé dans ce type d'établissement. Cela s'est bien passé. Je ne connaissais rien quand j'y suis entré ; quand j'en suis sorti, pas grand-chose de plus, mais je me suis débrouillé tout de même. (Rires) Les lycées agricoles font un excellent travail. Mais il faut être vigilant parce qu'il y a de plus en plus de risques de voir arriver des intrus qui voudraient faire du prosélytisme : il ne faudrait pas qu'un couple de paysans, s'attendant à voir sortir du lycée agricole un paysan robuste, en voie sortir, à l'âge de vingt ans, un ayatollah vert, complètement en décalage avec le monde des campagnes que toute sa fratrie a connu depuis des temps immémoriaux. Je pense que nous ferons attention tous ensemble à ce que cela ne se produise pas.

Monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, je dois dire que j'étais l'un des députés les plus apeurés par ce projet de loi. J'avais peur. Après tout ce que j'ai connu, depuis trente et un ans que je suis élu, je me disais : « À chaque fois, ça tourne mal. On vote des textes, on prend des mesures, mais c'est toujours la même minorité qui trinque. » Il me semblait aussi que l'on avait fait beaucoup trop de lois d'exception, du fait des transpositions des directives européennes et des lois sur les parcs nationaux. J'ai été président d'un parc national pendant dix ans, je connais le problème. Je ne suis pas contre le principe, mais je vais vous donner un exemple : la dernière loi que nous avons voté sur les parcs nationaux tourne au cauchemar puisque l'ordre de mise en vigueur des textes a été inversé : au lieu de faire la charte en premier, on a publié d'abord le décret. C'est encore une perte de confiance envers les acteurs locaux. Je trouvais qu'il y avait un tel décalage entre les grands fléaux écologiques du monde et les secteurs – 15 % à 20 % du territoire – sur lesquels on s'acharnait à prendre des mesures tellement coercitives que cela me rendait malade.

Bien que très rassuré, je suis encore convalescent. (Sourires.) Très rassuré d'abord par vous : voyez, ce débat n'est pas encore terminé que déjà vous me manquez, madame la présidente. (Rires.) Et il y avait vous, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État… cela a été un grand moment. Monsieur le président de la commission, je vous ai apprécié, vous retrouvant tel qu'en vous-même : vous avez bien des fois rattrapé ce débat chancelant, et vous l'avez fait tenir debout. Quant à vous, monsieur le rapporteur, vous allez très vite redevenir ministre : je ne vois pas d'autre issue à votre talent. (Sourires.)

Mais j'attends de voir si cette loi va s'appliquer à l'ensemble de notre territoire national, et, ce faisant, inspirer l'Europe, et, peut-être ensemencer le monde en lui donnant de nouvelles idées, en lui donnant une manière différente de concevoir l'avenir et notre relation à la terre, notre mère à tous.

Je voudrais dire, en conclusion, que j'espère que l'on va en finir avec ces lois d'exception. Moi, élu d'un de ces secteurs, je respecte les lois de la République : il y a un mois et demi, les gendarmes sont arrivés à la maison, à vingt et une heures, gentils comme tout – mais ils venaient tout de même me retirer mon permis de conduire, annulé, passé au pilon. Je le repasserai bien sûr après le 12 mars… si je réussis la visite psycho-médicale à laquelle je dois me prêter. (Rires.) Je n'avais qu'à prendre un chauffeur, mais aucun ne pouvait me suivre plus de deux jours, ce qui fait que, maintenant, je fais de l'autostop, mais personne ne veut me prendre – c'est comme ça. (Rires) Être obligé de prendre un chauffeur est une grande contrainte pour moi parce que je suis d'une nature très indépendante.

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