Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Christian Hutin

Réunion du 30 avril 2008 à 15h00
Lutte contre le trafic de produits dopants — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Hutin :

En effet, monsieur Rochebloine, vous avez raison d'en parler. Les contrôles, réalisés avec un grand sérieux par l'Agence française de lutte contre le dopage, selon les normes françaises, n'ont révélé aucun contrôle positif.

Le projet de loi distingue deux catégories : d'un côté, les produits dopants durs, puissants, comme l'EPO, l'hormone de croissance, les anciens corticoïdes, anabolisants encore en usage du fait de leur faible coût, hélas ; de l'autre, les produits plus classiques que l'on trouve dans n'importe quelle armoire à pharmacie.

En fait, les sportifs sont soumis à une double peine, car ce ne sont pas forcément les sportifs délinquants qui possèdent une bombe de Ventoline dans leur pharmacie, laquelle peut être destinée à un membre de leur famille. Ce n'est pas parce qu'on a un couteau dans sa ménagère, qu'on assassinera forcément sa belle-mère, même celle de Rumsas ! (Sourires.) Bref, une dérive est possible et, à cet égard, j'indique que les autorités de police et de gendarmerie se disaient gênées par rapport à ces perquisitions qui conduiraient à des condamnations, et donc à une double peine.

Un autre point me tient à coeur. L'EPO et les hormones de croissance supposent une production de ces substances. Je suis, pour ma part, partisan d'une véritable traçabilité de ces produits. À l'heure actuelle, l'EPO biosimilaire est totalement indétectable, de même que les doses filées. Quant à l'hormone de croissance, que j'ai beaucoup de difficulté à obtenir – tant les démarches administratives sont lourdes – pour faire une injection à un enfant qui en a besoin, sa durée de vie est tellement courte qu'elle ne peut se détecter que dans les deux heures suivant son administration. Seule une réelle traçabilité permet de détecter et de contrôler ces substances issues des laboratoires. Par ailleurs, ces médicaments merveilleux ont fait faire des progrès exceptionnels à la médecine.

J'appelle votre attention, monsieur le secrétaire d'État, sur le fait que l'EPO tombera bientôt dans le domaine public –comme Debussy (Sourires). La traçabilité sera donc rendue plus difficile. Si tous les laboratoires se mettent à produire de l'EPO, le contrôle sera difficile. Nous devrions encourager la traçabilité en collaboration avec les laboratoires. En 1794, le président du tribunal révolutionnaire avait dit à Lavoisier : « La Révolution n'a pas besoin de chimistes », avant, hélas, de le conduire à l'échafaud. De fait, nous avons besoin, nous, de chimistes pour lutter contre le dopage, ainsi que de la collaboration des grands laboratoires.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion