Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues : « J'trouve que c'est une victoire, parce que j'en suis sorti vivant. » Permettez-moi, monsieur le secrétaire d'État, de détourner cette citation guerrière de Dorgelès, car elle évoque bien ce que représente pour moi le dopage.
Nulle compétition ne vaut qu'on y laisse sa vie et sa santé. C'est dire l'importance de notre débat d'aujourd'hui Nous sommes tous, sur ces bancs, unanimes pour dire qu'il faut impérativement lutter contre le dopage. Notre siècle a sept ans et la France est à la pointe du combat. Cela tient à l'action d'un certain nombre d'éminents ministres, sous divers gouvernements, qui ont oeuvré dans ce sens, quelle que soit leur couleur politique : je pense à Marie-George Buffet ou à Jean-François Lamour. Grâce à une action gouvernementale déterminée, grâce aussi au combat des parlementaires, nous sommes aujourd'hui à la pointe dans la lutte contre le dopage. Nous sommes tous, ici, amoureux du sport. Je suis un jeune parlementaire, mais je sais que les plus anciens ont beaucoup fait dans ce domaine.
L'Agence française de lutte contre le dopage, exceptionnelle, est adossée à un laboratoire – celui de Châtenay-Malabry –, qui est probablement le meilleur au monde. Son conseil scientifique est remarquable, et reconnu au niveau international. Le financement de ce laboratoire est une donnée essentielle.
Pour en avoir parlé avec le remarquable président de l'Agence, Pierre Bordry, je puis dire que, avec cette loi, nous risquons de voir les fameuses autorisations à usage thérapeutique proliférer. Rien qu'à l'annonce du texte, elles ont été multipliées par dix. Nous aurons même des milliers de demandes. On connaît le sérieux de l'Agence française de lutte contre le dopage par rapport à ces autorisations : les autorisations abrégées disparaîtront dans les mois à venir, on peut l'imaginer et le souhaiter. Quant aux autorisations étudiées avec soin, elles se multiplieront. On risque d'assister à une véritable foire à l'autorisation d'utilisation des produits. C'est ennuyeux. L'Agence française n'aura pas les moyens de répondre à ces demandes. En outre, dans l'esprit, ces autorisations n'ont plus lieu d'être, vous l'avez rappelé, monsieur Rochebloine, et il est regrettable que l'on n'en parle pas davantage dans ce texte.
Dans le sport, l'enjeu, c'est la victoire. Mais, en l'occurrence, pour gagner la lutte contre le dopage, il faut attaquer au bon moment, monsieur le secrétaire d'État, et viser la victoire. Or le calendrier n'est pas bon, Mme Buffet, M. Néri et M. Rochebloine l'ont rappelé. L'Agence mondiale de lutte contre le dopage produira un certain nombre de textes. Le code mondial contre le dopage entrera en vigueur le 1er janvier 2009. On observe que les mentalités anglo-saxonnes évoluent dans ce domaine. La proximité des jeux Olympiques change également la donne. Dans ces conditions, il est probable que la plupart des décisions qui vont être prises dans le cadre de cette loi se révèleront obsolètes et que demeureront seulement les aspects les plus négatifs.
Nous aurions gagné à travailler ensemble d'une manière plus sereine, en prenant notre temps, mes chers collègues, d'autant que le sujet est consensuel. L'urgence, certes, nous l'avons tous reconnu, c'est le Tour de France. Mais cette urgence stigmatise un sport, le cyclisme, ce que, pour ma part, je déplore. Je suis, la semaine prochaine, le médecin des Quatre jours de Dunkerque. Monsieur le secrétaire d'État, vous qui, la semaine dernière, avez nagé à Dunkerque, je vous invite à venir y faire un peu de vélo la semaine prochaine ! (Sourires.)