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Intervention de Alain Néri

Réunion du 30 avril 2008 à 15h00
Lutte contre le trafic de produits dopants — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Néri :

En fait, vous n'abordez pas le véritable problème, monsieur le secrétaire d'État – comment le pourriez-vous, dans cette précipitation ? Le vrai problème, c'est que les procédés de dopage ont beaucoup évolué ces dernières années. Il est déjà loin le temps où amphétamines et corticoïdes étaient facilement détectés à la fin de la compétition – ou au cours de celle-ci, quand elle se déroulait sur plusieurs jours ! Les techniques de dopage sont beaucoup plus sophistiquées et l'on voit désormais des sportifs ayant recours au dopage se rendre au contrôle à l'issue de la compétition le sourire aux lèvres, en se moquant, sûrs de ne pas être pris : si un protocole de dopage adéquat a été mis en oeuvre, toute trace de produit dopant a disparu depuis longtemps au moment où le contrôle s'effectue.

C'est pourquoi j'ai toujours milité pour que soient multipliés les contrôles inopinés pendant les phases de préparation, ces phases durant lesquelles certains athlètes disparaissent comme par miracle des compétitions. Deux mois avant une grande compétition, certains s'évanouissent dans la nature, sans laisser le moindre renseignement permettant de les joindre, comme ils devraient normalement le faire. Ainsi Michael Rasmussen n'avait-il jamais été contrôlé positif, ayant soi-disant « oublié » de se présenter aux convocations en vue de contrôles antidopage. Et personne ne savait où il était : alors qu'il prétendait se trouver au Mexique, il était aperçu dans les Dolomites, en Italie ! Un cas troublant d'ubiquité !

On pourrait trouver d'autres exemples aussi célèbres. Il faut donc multiplier les contrôles inopinés pendant les périodes de préparation. Si nous voulions nous montrer vraiment efficaces, c'est maintenant qu'il faudrait procéder aux contrôles inopinés des athlètes sélectionnés pour les jeux Olympiques. Il en va de même pour le Tour de France. Cela ne signifie pas qu'il ne faudra pas réaliser quelques contrôles pendant les épreuves elles-mêmes, car certains petits malins pourraient en profiter pour se livrer à une tricherie moins sophistiquée mais peut-être tout aussi efficace.

Monsieur le secrétaire d'État, il est urgent de mener une réflexion sur les moyens de multiplier les contrôles inopinés pendant les périodes de préparation. Je participais hier soir à un débat sur La Chaîne parlementaire où certains avocats sont allés dans le même sens que moi en affirmant que, dans certaines disciplines, on peut nourrir des doutes quant à la préparation des athlètes pendant la période qui précède les grandes compétitions. C'est pourquoi j'aurais souhaité que des propositions en la matière figurent dans le texte.

En ce qui concerne les détenteurs de produits dopants, dans notre esprit et, donc, dans les textes, nous avons toujours fait la différence entre les pourvoyeurs – ceux qui représentent vraiment un danger – et les sportifs – considérés le plus souvent comme des victimes.

Or pourquoi a-t-on recours au dopage ? Bien entendu, il y a l'argent, mais il y a aussi, je l'ai dit, la gloriole de celui qui affirme vouloir absolument gagner, même si je m'interroge parfois sur le fait de savoir quel plaisir on peut bien retirer d'une victoire, quelle qu'elle soit et quel que soit le niveau de la compétition, quand on sait que ce ne sont pas ses propres mérites mais ceux d'un médicament qui ont permis de l'emporter. On ne doit pas, à mon sens, en retirer beaucoup de satisfaction – tout au moins je l'espère. Il n'en demeure pas moins que la gloriole existe.

On se dope aussi à cause de l'argent. La marchandisation du sport qui, qu'on le veuille ou non, existe, se mesure d'abord au fait qu'il y a trop d'argent dans le sport et pas assez d'argent pour le sport. Ce n'est certes pas entièrement de votre ressort, monsieur le secrétaire d'État ; en effet, depuis le temps que nous siégeons ici, certains d'entre nous n'ont cessé de dénoncer la faiblesse du budget du sport.

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