Ma question s'adresse au premier des ministres, quand bien même je sais que, peut-être, il ne daignera pas me répondre. Pourtant, toutes les familles de France et d'outre-mer ne manqueront pas de prêter une oreille attentive au sujet sur lequel je veux interpeller avec solennité le Gouvernement.
Le pouvoir d'achat des Français s'érode incontestablement Pourtant, dans un contexte auquel vous n'osez pas donner le nom de rigueur et d'austérité, les familles, particulièrement les plus modestes, voient le Gouvernement mettre, une fois de plus, sans vergogne, la main dans leur portefeuille. En effet, après l'assaut contre la carte « famille nombreuse », sans discussion, sans concertation, sans négociation, le montant des allocations familiales est désormais diminué, depuis hier, du fait de la publication de deux décrets qui ont instauré la majoration unique de ces allocations à l'âge de quatorze ans à compter du 30 avril 2008.
Chaque famille comprendra aisément que les allocations auxquelles elle peut prétendre vont bel et bien diminuer de 600 euros par enfant et par an ; 138 millions d'euros seront ainsi économisés sur leur dos ! Sur ces économies, seuls 90 millions seraient réinjectés en faveur des familles ayant des enfants en bas âge. Ce sont donc 48 millions de pertes sèches que vous infligez aux familles.
Oui, mesdames et messieurs de la majorité, vous aviez dit aux Français, pendant la campagne présidentielle : « Ensemble, tout devient possible. » J'ajouterai : même dépouiller les familles, singulièrement les plus modestes, vous est aussi possible ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Nos concitoyens admettent de moins en moins que l'on modifie la politique familiale de notre pays, comme on faisait autrefois avaler l'huile de foie de morue aux enfants, en faisant diversion entre chaque cuillerée. Vous vous attaquez aujourd'hui aux allocations familiales, expression d'une solidarité encore perceptible outre-mer. Demain, viendra le tour de l'allocation de rentrée scolaire, et j'en passe.
Monsieur le Premier ministre, je vous demande de considérer l'inquiétude des familles de France, qui ont le moral au plus bas, sans oublier celles qui résident outre-mer, et d'accepter de retirer ce décret qui pénalise les enfants de tous les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)