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Intervention de Marcel Rogemont

Réunion du 8 juillet 2009 à 15h00
Dérogations au repos dominical — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarcel Rogemont :

Faut-il que le Président de la République doute de vous, mes chers collègues, pour vous convoquer au seul motif que Jean-Marc Ayrault vous a adressé une lettre !

Qu'aurait donné une négociation collective sur ce sujet ? Sans doute nous aurait-elle rappelé que chaque Française, chaque Français est volontaire pour le repos dominical. N'oublions pas, en effet, que souhaiter que d'autres travaillent le dimanche, c'est, in fine, accepter de travailler soi-même le dimanche. Mais jamais les instituts de sondages ne posent la question en ces termes : ils préfèrent demander aux personnes interrogées ce qu'elles pensent du travail le dimanche pour les autres !

Autre argument avancé par la majorité : nombreux sont les salariés qui travaillent déjà le dimanche. C'est vrai – ce sont même, pour 62 % d'entre eux, des femmes. Mais est-ce une raison pour l'imposer aux autres ? Non, d'autant que ceux qui travaillent le dimanche en subissent les conséquences dans leur vie familiale. Ainsi, le taux de divorce des femmes – public cible de votre mesure – qui travaillent le dimanche est très sensiblement plus élevé que celui des autres femmes. De même, plus du tiers des femmes qui ont arrêté de travailler à la naissance d'un enfant travaillaient régulièrement le week-end dans leur emploi précédent.

Le travail le dimanche est donc un puissant moteur de désorganisation des équilibres de vie. C'est ce constat qui doit primer, car nous avons été élus pour organiser la vie commune et non pour verser dans un consumérisme effréné ; pour appeler chacun au bonheur et non pour réduire nos concitoyens au rôle de consommateurs.

À ce propos, je remarque que l'un des chapitres du rapport de la commission des affaires économiques, saisie pour avis, s'intitule : « La règle du repos dominical doit épouser les évolutions de la société et des modes de consommation. » Parmi ces évolutions, le rapporteur cite les familles monoparentales, lesquelles sont composées à 86 % de femmes seules avec leurs enfants. Davantage présentes sur le marché du travail que les femmes vivant en couple, elles auraient besoin de consommer le dimanche.

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