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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 8 juillet 2009 à 15h00
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Les dirigeants du monde n'ont pas tiré les conséquences de l'effondrement en cours du système qui organise la planète depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. « Hélas, à ce stade, il n'est plus vraiment permis d'être optimiste en la matière », poursuit le LEAP. « Aux États-Unis comme en Europe, en Chine ou au Japon, les dirigeants persistent à faire comme si le système global en question était seulement victime d'une panne passagère et qu'il suffisait d'y ajouter quantité de carburants (liquidités) » par dizaines ou centaines de milliards « et autres ingrédients (baisse de taux, achats d'actifs toxiques, plans de relance des industries en quasi-faillite…) pour faire repartir la machine. » Nous avons encore entendu ce refrain aujourd'hui. « Or […] le système global est désormais hors d'usage. Il faut en reconstruire un nouveau au lieu de s'acharner à sauver ce qui ne peut plus l'être. »

Dans son dernier bulletin, daté du 16 juin, le LEAP envisage l'arrivée, dans quelques mois, de trois « vagues scélérates » : la vague du chômage massif et brutal ; la vague déferlante des faillites en série – entreprises, banques, immobilier, régions, villes et peut-être États ; la vague de la crise terminale des bons du Trésor américain, du dollar et de la livre sterling, et le retour de l'inflation. « Ces trois vagues », indique le LEAP, ne sont pas successives mais « simultanées, asynchrones et non parallèles. De ce fait, leur impact sur le système mondial est générateur de dislocation puisqu'elles l'atteignent sous divers angles, à différentes vitesses, avec des forces variables ».

Que faire ? disait Lénine il y a un siècle (« Ah ! » sur les bancs du groupe NC) et mon ami Daniel Cohn-Bendit il y a trois mois. Un Green New Deal, c'est-à-dire un nouveau contrat vert et social pour l'Europe et pour la France. Nos concitoyens en ont partiellement ressenti la nécessité en nous accordant quelques suffrages le 7 juin dernier. Ici même, la majorité – peu présente à ce moment du débat – et le Gouvernement auraient pu s'emparer du sujet lorsque, en janvier dernier, nous avons présenté une proposition de loi tendant à faire de l'empreinte écologique un indicateur prioritaire des politiques publiques. Vous l'avez hélas rejetée. Une seconde chance vous a été offerte le 28 mai par François de Rugy et les députés Verts, avec la proposition de loi sur la transformation écologique de l'économie, texte que vous avez lui aussi rejeté.

Mais il n'est pas trop tard pour bien faire, à condition, bien sûr, d'abandonner les vieilles lunes de la croissance – dont on vient encore de nous rebattre les oreilles – comme les prétendues loi de l'économie néoclassique, et de présenter au pays un vaste programme d'urgence écologique et sociale, fondé sur la sobriété et la solidarité, et inspiré par les raisonnements géologiques, thermodynamiques et systémiques que j'ai développés. Mais sans doute n'est-on guère habitué à manipuler ces concepts à Bercy et ailleurs.

Je vous demande donc, monsieur le Premier ministre, de renoncer à votre plan de relance symbolisé par les mille chantiers présentés en février dernier, et de vous convertir à la transformation écologique de notre économie telle que nous l'avons longuement expliquée lors de la campagne des élections européennes. En février dernier, vous avez déclaré sur Europe 1 : « Aucun plan de relance ne permettra d'éviter la crise. Personne aujourd'hui ne peut savoir quand on sortira de cette crise. Ce qu'on sait, c'est que toute l'année 2009 sera une année de crise. »

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