L'instant est effectivement solennel, puisque nous sommes face à un enjeu dont on comprend bien qu'il transcende nos clivages. Il s'agit, en effet, de la survie de la planète. Ce n'est pas s'exprimer avec emphase que de dire que telle est la réalité du défi auquel nous devons répondre. Nous nous devons de préserver pour nos enfants l'existence même de cette planète.
L'autre défi majeur est celui du développement économique des outre-mer, coeur du texte de loi qui nous occupe depuis maintenant plusieurs jours.
Le Président de la République a exprimé cette volonté lors de son intervention sur RFO alors que le conflit en Guadeloupe atteignait son paroxysme. Le Chef de l'État a alors fixé deux grands objectifs dont nos outre-mer pourraient s'emparer : l'indépendance énergique des territoires et la production locale, donc l'autosuffisance alimentaire.
Lorsque j'ai rencontré des agriculteurs et, en particulier, le président de la chambre d'agriculture Jean-Yves Minatchy à La Réunion, j'ai pris l'engagement de défendre l'extension de la filière canne, sucre, rhum, bagasse, et la capacité créative et imaginative permettant, une fois le sucre extrait et le rhum fabriqué, la valorisation de la bagasse. À La Réunion, dans les périodes de production, 40 % de l'électricité de cette île de 800 000 habitants sont, d'ores et déjà, fournis par cette énergie, ce qui est un record sans doute mondial. Il y a évidemment, face à cela, une injustice. Cette biomasse est largement moins rémunérée que les énergies fossiles. Il est des moments où nous devons savoir s'il convient de mettre en phase les actes, les orientations politiques et les discours. Les discours issus du Grenelle de l'environnement sont forts, puisqu'ils portent sur la nécessité de protéger la planète et de trouver des énergies alternatives.
Nous devons donc agir. Je vous annonce, en conséquence, au nom du Gouvernement, que je donnerai un avis favorable à l'amendement n° 401. Il n'est d'ailleurs pas seulement celui de notre collègue Fruteau, mais c'est aussi celui de Mme Bello, de Mme Marc, de M. Lurel, de M. Robert, de M. Victoria, de Mme Louis-Carabin, de M. Jalton. J'associe les parlementaires de la Martinique et de la Guyane.
C'est un des exemples de l'avenir possible. Cela permettra de redonner sa vocation à l'agriculture. Cela permettra l'indépendance énergétique des territoires. Des produits seront valorisés à partir de ressources qui n'étaient jusqu'à présent pas explorées et qui peuvent fournir des revenus aux agriculteurs. C'est là un modèle presque parfait de ce qu'il faut faire. Nous devons donc nous engager.
Je comprends que des débats aient pu avoir lieu en commission. Je sais l'engagement du président Ollier sur ces questions de l'énergie renouvelable. Je mesure également les enjeux économiques qui peuvent parfois nous amener à avoir des divergences, même si elles ne portent pas sur l'orientation. Mais c'est aussi le rôle du secrétaire d'État à l'outre-mer d'essayer de pousser en avant les feux des politiques publiques.
Si je donne un avis favorable à cet amendement au nom du Gouvernement, ce n'est pas dans le but de contredire ici la commission, mais parce que, dans cette période, l'outre-mer a besoin d'un pas en avant de plus. De plus, au-delà des nombreux amendements acceptés par le Gouvernement, nous devons rédiger une loi forte et partagée vous permettant, à votre retour dans vos départements, mesdames, messieurs les députés, de donner un peu d'espoir. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)