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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 27 novembre 2008 à 15h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

L'article 1er tend à donner force de loi à une idée nouvelle – il aurait fallu la commission Copé pour la trouver – selon laquelle il vaudrait mieux que le service public audiovisuel soit une entreprise. Je suis heureux que nous nous soyons concertés pendant un certain temps pour conclure qu'il fallait que ce soit une entreprise ; comme si, d'ailleurs, le président de France Télévisions n'y avait pas quelque peu songé lui-même auparavant, comme s'il n'essayait pas, depuis un certain temps, de restructurer la maison dont il a la responsabilité. Nous avions déjà, pour notre part, affirmé avec force que les choses devaient changer et que le service public de l'audiovisuel devait prendre la forme d'une entreprise.

Quelles sont toutefois nos divergences ? S'il s'agit de poursuivre une rationalisation intelligente, s'il s'agit d'éviter les doublons, s'il s'agit de rendre les structures plus souples, plus légères, alors nul besoin des parlementaires puisque le président de France Télévisions agit en ce sens.

S'il s'agit, en revanche, d'annoncer la réalisation d'économies, la suppression de 1 000, 1 500 ou 2 000 emplois, une diminution des moyens accordés aux chaînes, alors, en effet, nous ne pouvons plus être d'accord avec vous.

S'il s'agit de faire en sorte que les choses deviennent uniformes, parce que, d'un seul coup, les producteurs ne pourraient plus avoir en face d'eux les responsables des programmes de France 2, ceux de France 3, ceux de France 4, mais une seule personne organisant l'ensemble de façon totalement centralisée, nous ne sommes pas d'accord non plus. En effet, et j'espère que beaucoup de collègues de la majorité partagent cette position, nous sommes évidemment pour la diversité, pour une réflexion plurielle. Nous ne voulons pas de la pensée unique et du politiquement correct. Nous voulons que la télévision de service public puisse aller bien au-delà.

Voilà pourquoi cet article n'a pas de raison d'être. Soit il s'agit de permettre à un patron d'entreprise de gérer son entreprise, auquel cas c'est à lui de le faire, sans qu'il ait besoin pour cela d'un article de loi. Soit il y a derrière cet article quelque mauvais coup que nous n'avons pas prévu et que vous essayez de rendre possible, auquel cas nous ne pouvons pas être d'accord.

Oui, France Télévisions est une entreprise, mais ce n'est pas tout à fait une entreprise comme les autres, justement parce qu'elle s'adresse aux citoyens et n'a pas pour seul objet la rentabilité. Hubert Beuve-Méry expliquait qu'on n'achète pas Le Monde comme on achète un chapeau. Il expliquait pendant une demi-heure pourquoi un journaliste avait telle vocation, pourquoi il devait aller dans tel sens, pourquoi ce journal n'était pas une entreprise comme les autres. Et il concluait son propos en précisant que, par ailleurs, Le Monde était aussi une entreprise. Vous, vous inversez la démarche. Vous ne parlez que de la puissance économique – sur la nécessité de laquelle nous sommes tous d'accord – et vous finissez par oublier l'essentiel, à savoir que le service public ne s'adresse pas à des clients, à des consommateurs, mais à des citoyens. Cet aspect des choses est totalement gommé dans l'article 1er. C'est pourquoi je m'y oppose avec force et conviction, comme l'ensemble de mes collègues.

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