La France doit affronter, disais-je, deux séries de crises : trois crises face auxquelles elle est dotée de certains atouts par rapport à d'autres États, et trois autres pour lesquelles elle présente au contraire certaines faiblesses.
Examinons les trois crises pour lesquelles la France dispose de certains atouts.
La première crise est la crise immobilière. Cette crise est grave, comme en témoignent plusieurs indicateurs : les mises en chantier sont en chute de 21 % et les permis de construire de 20 % pour les mois de mars, d'avril et de mai 2008 par rapport à la même période de 2007 ; pour ce qui est des transactions immobilières, on constate une baisse de 28 % des ventes de programmes des promoteurs au 1er trimestre 2008 par rapport à celui de 2007.
La remontée des taux d'intérêt accentue le phénomène, et il n'y a que des illusionnistes pour tenter de faire croire qu'une baisse du taux de la Banque centrale européenne va se traduire par une baisse des taux de crédit en France. Tous les banquiers vous le diront : quoi que fasse la Banque centrale européenne, la situation des banques nationales est telle qu'elles sont obligées, pour traverser cette période de crise, de remonter leurs taux afin de reconstituer des marges. Les taux ont déjà augmenté d'un point, ce qui se traduit automatiquement par une diminution de 20 % du marché de l'immobilier – dans la mesure où cette augmentation désolvabilise environ 20 % des acheteurs potentiels.
Cependant, la France résiste plutôt mieux à la crise immobilière que d'autres pays européens. La construction est en chute de 50 % aux États-Unis et de 40 % en Espagne, en Grande-Bretagne et en Irlande. Il y a plusieurs explications à la relative résistance à la crise en France : un taux d'épargne qui reste élevé – entre 16 et 17 % ; une moindre hausse des prix de l'immobilier que dans des pays comme la Grande-Bretagne ou l'Espagne ; enfin, le crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt immobilier instauré dans le cadre de la loi TEPA, qui, en diminuant le taux de crédit d'environ deux points la première année et d'un point les quatre années suivantes, a pour effet de soutenir un peu le marché immobilier.
La deuxième crise face à laquelle nous sommes plutôt moins mal placés que les autres est celle de l'énergie. Là encore – contrairement à ce qu'a laissé entendre M. de Rugy –, n'importe quel gouvernement aurait à subir cette crise, et ce n'est pas le fait d'avoir prévu que le baril coûterait 125 dollars qui a fait augmenter son prix ! Personne ne peut dire aujourd'hui si le prix du baril sera de 150, 160 dollars ou même davantage en 2009, ni quelle sera la parité entre le dollar et l'euro. Tout au plus pourrait-on affiner les prévisions en faisant des analyses de sensibilité, afin d'être à même de réagir, le cas échéant, en fonction d'une situation que personne ne maîtrise.
La France dispose d'un avantage lui permettant de mieux résister à la crise de l'énergie que ses voisins européens : le fait que 75 % de sa production d'électricité provienne du nucléaire, ce qui est unique au monde.