Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, cette année, le budget de la défense revêt un caractère particulier, et ce pour plusieurs raisons.
Pour la première fois, il est présenté dans le cadre d'une programmation triennale qui doit permettre une meilleure visibilité de son action. Depuis 2007, le Président de la République a engagé une profonde modernisation de notre défense. La revue générale des politiques publiques conduit à une restructuration de notre outil militaire en termes d'implantations géographiques, de réduction de ses effectifs et de réorganisation de ses structures.
Les conclusions du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale imposent l'adaptation de notre outil de défense aux nouvelles menaces et aux nouveaux risques : le terrorisme, la prolifération nucléaire et les cyber-attaques. Ces risques nous imposent d'anticiper et de connaître l'évolution des crises, de nous doter de moyens supplémentaires d'intervention et de renseignement, ainsi que de renforcer notre capacité de projection et de mobilité.
La loi de programmation militaire 2009-2014, qui sera prochainement examinée par le Parlement, définira les moyens que nous mettrons à la disposition de nos armées en compétences et en nombre. Cette loi couvrira la première étape de la mise en oeuvre de la nouvelle stratégie de sécurité nationale définie par le Livre blanc. Elle amorcera une réforme profonde des armées, avec une adaptation et une modification des forces.
Aujourd'hui, 60 % des ressources humaines sont consacrées à l'administration générale et au soutien, 40 % aux forces opérationnelles : ce ratio doit être inversé.
L'année 2008 a été difficile pour notre armée avec le dramatique accident de Carcassonne et la perte de dix de nos soldats en Afghanistan.
C'est peut-être en matière d'opérations extérieures qu'il nous faudra à l'avenir faire des choix de lieux, de nombres, de tactique, de participation. En effet, sauf modification de posture, nous nous préparons progressivement à engager un milliard d'euros. La France est aujourd'hui présente sur 29 théâtres d'opérations extérieures ; c'est sans doute trop. Depuis quelques années, nous avons ouvert davantage de théâtres d'opérations que nous n'en avons fermé.
Nous devrons pourtant nous interroger sur le redéploiement de nos forces : l'armée doit concentrer ses moyens en hommes et en matériels lorsque les circonstances l'exigent. En Europe, la France déploie, parfois trop seule, des forces militaires importantes, notamment au Kosovo. L'Europe de la défense devrait constituer une priorité sur son propre territoire. La présidence française de l'Union aurait dû nous permettre de renforcer cette exigence.
Deux de nos théâtres d'opérations extérieures sont à mes yeux emblématiques : le Liban et l'Afghanistan. J'ai eu le privilège de me rendre sur ces deux théâtres. Je vous le demande : faut-il conserver aujourd'hui au Liban la forme actuelle de déploiement militaire ? La présence de nos chars Leclerc en si grand nombre y est-elle opportune ? Il serait à mon sens logique de redéfinir de manière substantielle notre présence sur place, étant donné l'investissement personnel du Président de la République pour ramener la paix dans cette région du monde.
Quant à l'Afghanistan, quoi qu'en disent certains, notre présence s'y impose. Être une grande nation a un prix : être là, au côté de vingt-quatre autres pays européens, lorsque la paix du monde est menacée. Garantissons simplement à nos soldats les moyens nécessaires en termes de transports, d'armement, de communication, d'écoute, de renseignements. Nos soldats sont fiers de leur engagement, conscients de leur mission et du sacrifice qu'ils sont susceptibles de faire pour notre sécurité. Ne les décevons pas ! L'exercice budgétaire 2009 sera observé par la nation et par les autres pays.
Le budget qui nous est présenté aujourd'hui, et qui s'élève à 32 milliards d'euros, est riche de défis. Son exécution devra faire l'objet d'une attention particulière. Monsieur le ministre, dans les conditions économiques actuelles, la progression du budget de la défense témoigne de notre volonté de faire partie des grandes nations militaires. Les redéploiements militaires, les regroupements, les commandes corrigées ne sont rien pour un pays qui, comme le nôtre, veut être respecté et reconnu et contribue à nous permettre de vivre en paix.
Aussi voterai-je sans état d'âme ce budget de la défense nationale pour 2009. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)