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Intervention de Philippe Vitel

Réunion du 7 novembre 2008 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2009 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vitel :

Nous devons conduire cette adaptation avec un triple souci : renforcer le pilier européen de la défense ; renforcer la relation OTAN, grâce à l'interopérabilité des systèmes ; maintenir notre capacité de souveraineté et d'autonomie, assurant à nos forces le degré de liberté nécessaire à leur déploiement.

Au-delà de ces grands axes, il convient que nous nous interrogions sur le devenir de nos industries de défense, garantie de notre indépendance. Elles participent à notre présence dans le monde en même temps qu'elles assurent à notre pays une importante quantité d'emplois de haut niveau et de considérables rentrées de devises.

Ce secteur, plus que tout autre, doit disposer d'une vision à long terme et d'une rénovation de sa relation très particulière avec ce client très particulier qu'est l'État. C'est lui, et ce n'est pas chose facile, en ces temps de pénurie financière, qui doit, en ayant, pour reprendre le mot de Talleyrand, « de l'avenir dans l'esprit », favoriser la recherche, les études en amont et, de façon générale, le maintien des compétences.

Il y va de notre avenir, tant il est vrai, et quelques exemples voisins nous le prouvent, qu'il ne faut que peu de temps pour perdre un savoir-faire qu'il sera ensuite pratiquement impossible de retrouver.

Dans quelques semaines, peut être quelques mois, nous voterons la loi de programmation militaire 2009-2014. Elle devra être la mise en oeuvre complète et concrète de notre nouvelle politique de défense et de sécurité. La communauté nationale devra y être impliquée, car cet exercice sera une occasion unique de rapprocher l'institution militaire de la société, de mieux faire comprendre à nos concitoyens quels sont les risques de crise afin qu'en cas de situation particulièrement grave, telle une augmentation brutale des tensions internationales amenant à l'émergence d'un conflit de haute intensité, ils acceptent les efforts et les sacrifices qui pourraient leur être exceptionnellement demandés.

En ce sens, la LPM devra pouvoir s'inscrire dans ce climat de grande incertitude souligné par le Livre blanc, prendre en compte l'impératif d'une vigilance permanente et prévoir l'éventualité d'une surprise stratégique qui imposerait une rapide remontée en puissance de nos moyens de défense. C'est paradoxalement avant que le Parlement ait validé ce document fondamental pour l'avenir de notre défense que nous examinons ce budget triennal 2009-2011 qui couvre donc la première moitié de la future LPM.

Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons qu'en être satisfaits, car il est effectivement la traduction directe des conclusions du Livre Blanc. Le budget consacré est, avec un peu plus de 32 milliards d'euros, proportionnellement à la hauteur des 377 milliards d'euros que le Livre blanc alloue aux douze prochaines années. Nous voterons surtout, au-delà de la progression de 5 % des ressources totales, la hausse de plus de 10 % en faveur des équipements, qui permettra d'assurer le financement des livraisons prévues en 2009 et la hausse du MCO à hauteur de 8 %, ainsi que le maintien en condition opérationnelle des matériels qui attendent patiemment, certains d'ailleurs depuis longtemps, leurs éventuels remplaçants.

En ce qui concerne les effectifs, en 2009, 22 257 postes seront proposés au recrutement et 8 250 postes seront supprimés ; 140 postes seront proposés dans le cadre connaissance et anticipation.

Cela aidera à développer chez nous cette culture du renseignement absolument nécessaire pour agir en toute connaissance de cause, comprendre le monde et les situations, savoir quand la force peut et doit être utilisée en support de notre action diplomatique.

La récente création de la DCRI, la nomination d'un coordinateur du renseignement à l'Élysée sont un début de réponse à ces nécessités.

L'effort prévu dans le domaine spatial, qui devient une priorité de notre défense, marque clairement ce virage vers le besoin de savoir pour agir juste.

Faire face aux crises, c'est aussi les prévenir, c'est-à-dire savoir les anticiper pour les empêcher d'éclater. En ce sens, l'effort poursuivi en matière de recherche et développement est fondamental. Bien sûr, il permet le développement et la dynamisation de notre industrie de défense, quelle que soit la taille des entreprises concernées, afin de leur permettre de répondre durablement aux besoins de nos forces armées et surtout d'assurer leur pérennité et leur indépendance vis-à-vis de la seule commande nationale. Nous ne pouvons que louer vos efforts, monsieur le ministre, pour booster notre industrie à l'exportation. Ces efforts de recherche et développement doivent aussi être un des vecteurs essentiels de notre ambition européenne en étant le moteur de l'élaboration d'une industrie européenne de défense rationalisée et compétitive.

Au moment où les États-Unis investissent dans des budgets de recherche et développement colossaux sur des projets tels le submersible Aircraft dont on ne sait s'il sera un avion submersible ou un sous-marin volant ou sur le Hot Eagle, projet majeur d'aéronef suborbital qui fera passer La guerre des étoiles du virtuel au réel (Sourires), donnons-nous les moyens d'une vraie coopération européenne permettant le partage des coûts de recherche et d'expertise et, par extension, la préparation des futures consolidations industrielles européennes.

En ce sens, monsieur le ministre, l'agence européenne de défense et I'OCCAR qui sont deux organisations complémentaires et essentielles pour le développement des capacités européennes de défense tireraient un grand bénéfice d'un rapprochement.

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