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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 7 avril 2008 à 16h00
Organismes génétiquement modifiés — Reprise de la discussion, amendements 227 245

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Je pense qu'il s'agit d'un amendement très important parce que le législateur doit accepter d'être éclairé par ceux qui réfléchissent sur la société, notamment sur les conséquences, pour l'ensemble de celle-ci, des innovations techniques et scientifiques, quels qu'en soient les secteurs. Mme Filippetti a évoqué la figure de Gaston Bachelard : nous pourrions également évoquer celle, prémonitoire, du philosophe Jacques Ellul, qui fut très en avance sur son temps. Mal connu en France, il fut en revanche très vite traduit aux États-Unis grâce à Aldous Huxley. Or, dans son livre fondateur de 1953, La technique ou l'enjeu du siècle, il nous a appris que le progrès technique n'entraîne pas nécessairement le progrès humain et qu'il peut même se retourner contre celui-ci si la technique n'est pas contrôlée démocratiquement. Nous sommes aujourd'hui au coeur de l'interrogation d'Ellul, comme au coeur de celle de Hans Jonas dans Le Principe responsabilité. En France, des philosophes contemporains se posent aujourd'hui des questions dans la lignée de Bachelard, d'Ellul ou de Jonas, et nous avons besoin de recourir à leurs réflexions pour nous éclairer sur les conséquences du progrès technique. En effet, si nous nous battons avec autant d'opiniâtreté sur, ou plutôt, contre ce projet de loi, c'est bien parce que nous considérons qu'il fait la part belle à ceux qui veulent décider à la place de la société, c'est-à-dire les semenciers. Se poser la double question du risque et du bénéfice que peut apporter une innovation scientifique est donc nécessaire : les OGM, notamment ceux qui seront utilisés pour l'agriculture et la consommation, bénéficieront-ils à l'humanité ou existent-ils plus de risques à y recourir que d'inconvénients à appliquer le principe de précaution ? Se pose également la question de la nécessité sociale et de la nécessité du marché : il n'est pas besoin d'être philosophe pour s'apercevoir très vite que le texte qui nous est soumis correspond plus à la nécessité du marché qu'à la nécessité sociale. Voilà pourquoi il me semble important d'adopter ces amendements identiques qui visent à faire participer des philosophes à cette réflexion.

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