L'objectif étant, là encore, de permettre au Haut conseil de rendre des points de vue toujours plus différenciés, il convient de ne pas oublier d'y associer des personnalités relevant de disciplines qui, a priori, n'ont aucun rapport avec les OGM. Ne vient-on pas de rappeler que le nom du second comité n'est plus « de la société civile » mais contient désormais le mot « éthique » ? C'est la raison pour laquelle, me semble-t-il, il faut mentionner la philosophie après l'économie. En effet, la question fondamentale que pose le projet de loi est de savoir si le législateur et le Gouvernement français ont le droit de faire adopter une loi qui induira dans la nature, c'est-à-dire dans les écosystèmes et dans l'alimentation, des phénomènes intrinsèquement irréversibles pour l'environnement et pour notre santé. Une telle interrogation fait appel aux plus grandes valeurs de la philosophie et à celles de la civilisation française et européenne. Le Président de la République lui-même n'appelait-il pas récemment de ses voeux une « politique de civilisation », reprenant au philosophe Edgar Morin le titre d'un ses livres, dont je vous recommande du reste la lecture ? Je pourrais également évoquer un autre philosophe, M. Dominique Bourg, que connaît bien Mme Filippetti. M. Dominique Bourg a été vice-président du groupe de travail « modes de développement écologique » au Grenelle de l'environnement. Il est philosophe. Depuis 2006, il est professeur à l'université de Lausanne. Il est directeur de l'Institut des politiques territoriales et de l'environnement humain et ses domaines de recherches couvrent l'éthique du développement durable, la construction sociale des risques, le principe de précaution et l'économie de la fonctionnalité. Il est, par ailleurs, membre du Conseil national du développement durable, qui dépend du ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire. Il a évidemment écrit différents ouvrages, dont Risques technologiques et débat démocratique, publié à La documentation française en décembre 2007. Il s'agit d'un véritable philosophe qui aurait sa place au sein du Haut conseil : il faudrait donc que la loi permette à de telles personnalités d'y entrer – j'en ai cité une de connue parmi d'autres. C'est la raison pour laquelle, je le répète, afin d'élargir le champ thématique du Haut conseil, l'amendement n° 227 vise à insérer les mots « à la philosophie » après le mot : « économie ».