Monsieur le président, je vous ai effectivement fait part, avant le début de la séance, du souhait du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche de suspendre la séance au moment du passage de la flamme olympique devant le Palais-Bourbon. Vous avez proposé de le faire au nom de l'Assemblée nationale et je vous en félicite. Votre initiative me satisfait d'autant plus que j'avais demandé au président de notre assemblée de faire hisser, à cette occasion, les couleurs du Tibet sur le Palais-Bourbon et que, à mon grand regret, cette proposition a été refusée. On m'a opposé que le règlement ne permettait pas ce type d'initiative, mais lorsque le portrait d'Ingrid Betancourt – avec notre appui à tous – a été installé devant l'Assemblée nationale, le règlement ne le permettait sans doute pas non plus.
Ces lieux historiques, où tant de nos concitoyens viennent admirer un magnifique tableau de Mirabeau proclamant, lors des états généraux : « Nous ne sortirons d'ici que par la force des baïonnettes car nous voulons nous constituer en Assemblée nationale », sont identifiés à la lutte pour les droits de l'homme. Nous sommes les héritiers de cette histoire et, à ce titre, notre devoir est de manifester notre solidarité avec les Tibétains victimes de l'oppression ou avec les Chinois dont la liberté d'expression est bâillonnée. Il ne s'agit pas de stigmatiser la Chine ni de rompre avec ce grand pays qui veut se développer et s'ouvrir, mais de réaffirmer, parce que nous voulons avoir des relations avec la Chine et le peuple chinois, nos valeurs et nos principes : ceux que la République française d'aujourd'hui a hérité des révolutionnaires de 1789.
En cette année de célébration du soixantième anniversaire de l'adoption de la déclaration universelle des droits de l'homme par les Nations unies, nous devions être au rendez-vous. L'interruption de notre séance est un symbole modeste mais nécessaire. Nous assisterons au passage de la flamme pour dire que nous n'oublions pas le combat pour la liberté et pour les droits de l'homme, qui est indivisible ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau Centre.)