Ce projet de loi s'appuie sur un bilan relativement lucide de près de vingt ans d'application de la loi instituant le RMI. Celui-ci a au moins le mérite d'assurer le bénéfice d'un revenu minimal à des personnes qui sans cela n'auraient rien, et de détecter, de recenser et de faire suivre par les services sociaux des gens qu'il est évidemment hors de question de laisser livrés à eux-mêmes et à leur détresse.
Le problème se situe au niveau de l'accompagnement dans le retour à l'emploi et la reprise d'activité, dans la formation, dans cette difficulté qu'a la France à réaliser avec ses chômeurs en général, et avec les plus fragiles en particulier, ce travail humain qui consiste à accompagner, à apprécier les profils individuels pour assurer des formations adaptées et les qualifications nécessaires à l'enracinement dans un emploi stable, et surtout à veiller scrupuleusement à ce qu'aucune réglementation ne vienne entraver le retour à un emploi et à la dignité qui l'accompagne.
Vous avez su faire le choix difficile de ne retenir que quelques départements pour votre expérimentation, acceptant que les règles au départ puissent varier selon les territoires, qui pourront emprunter des voies différentes. Ce faisant, vous courez le risque d'être en butte aux critiques promises en France aux réformateurs qui ne proposent pas tout de suite le fameux « jardin à la française », c'est-à-dire la réforme globale, aux allées bien droites, aux angles bien nets, aux perspectives dégagées, la glorieuse réforme à laquelle aucun Français n'échapperait.