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Intervention de Gaëtan Gorce

Réunion du 10 juillet 2007 à 21h30
Travail emploi et pouvoir d'achat — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGaëtan Gorce :

Le problème est que ce raisonnement repose sur de multiples faiblesses. Il est contesté par de nombreux économistes – nous avons eu l'occasion d'en débattre – et par les comparaisons que nous pouvons établir. Le rapport de M. Carrez indique ainsi qu'aux États-Unis, où l'on travaille en moyenne plus de 1 750 heures par an, ou encore au Japon, le taux de chômage est de l'ordre de 5 % alors qu'en France, où l'on travaille environ 1 600 heures, le taux de chômage est – peut-être grâce à vous ! – plus élevé. Mais il suffit de rappeler qu'en Norvège ou aux Pays-Bas, par exemple, alors que la durée annuelle moyenne est de 1 400 heures, le taux de chômage se situe, en tout cas pour le premier de ces deux pays, entre 3,5 et 3,9 %. Vous sélectionnez donc sciemment vos exemples ! Quant à la Pologne, pays avec lequel nous entretenons une vieille amitié, on y travaille en moyenne plus de 2 000 heures par an, pour un taux de chômage de 14 %.

En d'autres termes votre démonstration selon laquelle la trop faible durée du travail expliquerait nos difficultés structurelles et notre déficit de croissance est largement sujette à caution. La véritable question n'est donc pas de savoir s'il faut travailler plus, mais comment faire en sorte que plus de nos concitoyens puissent travailler. Elle est d'augmenter le nombre global d'heures travaillées, et non le temps de travail passé par chacun des salariés concerné. La question qui nous est posée est de savoir comment travailler mieux : comment introduire dans une heure de travail davantage de formation, de savoir-faire, de qualification, de nouvelles technologies, bref, comment faire progresser notre productivité et notre compétitivité. Avec votre raisonnement, on se croirait revenu à l'économie du XIXe siècle, où le résultat économique – et certainement pas le progrès social – pouvait se mesurer à la durée de la journée de travail.

J'ajoute que les mesures relatives aux heures supplémentaires, outre qu'elles reposent sur des faiblesses de raisonnement, ne présentent pas non plus de garanties pour le pouvoir d'achat des salariés. On nous dit que ces derniers sont potentiellement tous concernés. Certes, mais seulement à la hauteur des heures supplémentaires qu'ils pourront effectuer, s'ils le peuvent ! Et pour une rémunération qui ne leur est certainement pas garantie ! S'il avait été décidé de porter le SMIC par exemple, à 1 500 euros bruts mensuels dans cinq ans et que le coup de pouce donné au SMIC pour le 1er juillet avait été de 3,34 % – au lieu des 2,1 % que vous nous avez annoncés –, le salarié payé au SMIC aurait gagné l'équivalent de ce qu'il va recevoir en effectuant des heures supplémentaires. Autrement dit, il aurait pu obtenir, grâce à des heures supplémentaires s'ajoutant à la revalorisation du SMIC, une rémunération plus importante que celle qu'il obtiendra avec la mise en oeuvre de votre formule « travailler plus pour gagner plus ».

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