Je ne veux pas rompre ce beau consensus, mais vous me permettrez de m'interroger.
Nul ne conteste que les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. C'est une évidence, ces langues existent, elles sont parlées par certains de nos concitoyens. Elles apportent effectivement une richesse supplémentaire à la diversité linguistique de la France et je ne pense pas qu'elles fragilisent véritablement la primauté de la langue française inscrite à l'article 2 de la Constitution.
Il n'en demeure pas moins que ce texte n'est pas le seul : il ne faut pas oublier la fameuse Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, issue des travaux menés dans l'entre-deux-guerres par la Société des Nations pour protéger les nations enclavées dans d'autres. Ce n'était donc pas un problème de langue régionale. Développer une argumentation politique en se basant sur le critère de la langue peut donc être extrêmement dangereux, ce que personne ne veut ici.
Voilà ce que je tenais à rappeler ce soir. C'est la raison pour laquelle je ne voterai pas cette disposition. Nous n'avons pas encore exactement apprécié la dynamique qui se cache derrière ces mots au regard de la Charte. Aussi, j'interroge le Gouvernement : proposerez-vous à notre assemblée de ratifier cette charte ? Si tel était le cas, ce serait mettre la main dans un engrenage que nous ne maîtrisons pas !