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Intervention de Michel Liebgott

Réunion du 7 novembre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

Pour 2008, vous récidivez. En effet, concernant les cadeaux fiscaux, vous n'avez pas eu besoin d'un quelconque Grenelle ou d'évaluation puisque 15 milliards ont été votés à ce titre, au mois de juillet dernier, alors que les Français étaient en vacances. En revanche, s'agissant des emplois aidés, vous avez besoin d'évaluer les dispositifs et vous allez créer de nouveaux contrats. Comment peut-on parler d'évaluation alors que ces emplois aidés existent depuis trente ans ? Cela reviendrait à dire que tous les gouvernements, de droite ou de gauche, qui se sont succédé pendant cette période ont été incapables d'évaluer le dispositif ? Nous serions donc tous si mauvais, collectivement ?

Mais trêve d'ironie et revenons à la réalité, en l'occurrence, bien triste. Bien sûr, les emplois aidés sont nécessaires. Les élus locaux de droite le savent bien puisque, en général, ce sont eux qui les appellent de leurs voeux. C'est bien pour cela – Laurent Hénart vient d'y faire allusion – que 50 000 emplois supplémentaires ont été réintroduits dans l'urgence, en pleine période électorale. Les élus, qu'ils soient de droite ou de gauche, étaient débordés.

Alors d'aucuns prétendent que les emplois aidés ne servent à rien. En général, c'est vrai, on les trouve dans les centres sociaux, les associations culturelles, sportives, ou destinées aux services à la personne, ou encore dans tous ce qui relève de l'insertion sociale, de l'aide à la famille. Autant de billevesées, aux yeux de certains.

Pour illustrer mon propos, je vais donc prendre quelques exemples très concrets dans l'aide à la personne, dans l'humanitaire. Certes, l'idéal serait que, s'agissant de l'hébergement des personnes âgées, on ne trouve que des CDI. Mais tel n'est pas le cas, malheureusement, car les établissements concernés ne peuvent pas faire autrement. Les Restos du Coeur utilisent également des emplois aidés pour seconder les bénévoles. Mais si cela ne vous convient pas, prévoyez des CDI pour les Restos. Les collectivités locales ont également recours à des emplois aidés pour assurer, trois fois par jour, la sécurité à la sortie des écoles. Préfèreriez-vous que cette tâche, importante – les élus locaux le savent bien – soit confiée à un fonctionnaire à temps plein, voire à la police municipale ?

À gauche, nous continuons donc à penser que les emplois aidés sont très utiles, et notamment pour les personnes qui en bénéficient. On ne peut pas à la fois vouloir renforcer la valeur travail et diminuer le nombre des emplois aidés, puisque ceux-ci concernent des gens qui, faute de ce dispositif, resteront inactifs chez eux.

Si c'est là votre conception de la valeur du travail, ce n'est pas la nôtre. Quand on peut travailler en CDI, il faut le faire ; quand ce n'est malheureusement pas possible, la société doit pouvoir offrir un travail utile.

Vous dites que certains retrouvent un emploi. Élu dans un département frontalier, je constate pourtant que nombreux sont ceux qui vont travailler au Luxembourg, notamment quand ils possèdent un certain niveau de formation.

Plus le chômage va régresser, plus vont rester sur le bord de la route des gens pour lesquels nous n'aurons pas d'autre solution que les emplois aidés. Que faut-il faire alors ? Les laisser durablement au chômage, pour en faire demain des RMIstes, puis des SDF ou les condamner à des logements insalubres ? Ne vaut-il pas mieux les utiliser en les accompagnant vers l'emploi ?

Vous êtes très négatifs sur les emplois aidés. J'ai travaillé avec des TUC et j'ai aujourd'hui deux secrétaires de mairie qui sont passées par la case CES et CEC ; ayant bénéficié, en marge de ces emplois, d'une formation parallèle, elles sont remarquables et il serait malvenu de les stigmatiser.

Vous récidivez donc, ce qui n'est pas une surprise, car on vous connaît. Ce qui est scandaleux, en revanche, c'est que vous avez incité, par le biais de campagnes, à la création d'emplois aidés, mais que lorsqu'on s'informe auprès des DDTE, il est répondu que les choses sont en suspens à cause du manque de crédits.

M. Borloo, à qui j'avais dit ici même qu'on supprimait des emplois, m'avait répondu que c'était faux. Je lui ai prouvé pourtant, par A plus B, que c'était vrai et que des adultes-relais avaient bien été supprimés.

Au-delà de divergences d'appréciation profondes, il y a une grande hypocrisie dans les discours que vous tenez au niveau national pour dire que ces emplois sont inutiles, alors que l'on sait très bien, sur le terrain, qu'ils sont nécessaires.

Vous vous en tenez à une conception traditionnelle de l'aide sociale ; nous pensons, nous, qu'il faut accompagner les personnes en difficulté, dans le cadre d'une action sociale bien comprise, qui permet à chacun de rester digne. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

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