Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, quelques mots, au nom du groupe UMP, sur la mission « Travail et emploi », qui actionne les trois leviers d'une politique de l'emploi vertueuse, à savoir la recherche d'une croissance plus forte et plus dense en emploi, un marché du travail plus fluide, régulé par un service de l'emploi efficace, et, enfin, une ressource humaine préparée aux besoins des employeurs. C'est la combinaison de ces trois leviers qui est gage d'efficacité, et non pas la recherche d'une solution miracle. L'engagement du Président de la République, alors candidat, d'atteindre un taux d'emploi de 70 % et un taux de chômage de 5 % est tenable : il suffit, finalement, de poursuivre, peu ou prou, sur le rythme de décrue du chômage constaté depuis la mise en oeuvre du plan de cohésion sociale.
Quelques remarques sur le premier levier, la croissance plus forte et plus riche en emploi. Je constate d'abord que l'ensemble du budget concourt à la réalisation de cet objectif. Je rappellerai notamment l'effort massif consenti en matière d'enseignement supérieur et de recherche, qui nous rapproche un peu – il était temps ! – du niveau fixé par la stratégie de Lisbonne, et qui permet d'envisager le positionnement de notre économie sur des secteurs porteurs. Je mentionnerai également les travaux en cours de la commission Attali visant à lever les freins à la croissance. N'en doutons pas, ils donneront lieu à un ambitieux projet de loi sur la modernisation de notre économie. Je soulignerai enfin que des mesures ont été prises sans attendre. Je citerai principalement la détaxation des heures supplémentaires prévue dans la loi TEPA, qui permet à la fois d'améliorer la compétitivité de notre tissu économique et d'injecter immédiatement plus de pouvoir d'achat.
Un des éléments forts du plan de cohésion sociale est préservé par les choix que vous avez faits puisque vous avez ciblé la croissance sur les secteurs économiques porteurs d'emplois protégés de la mondialisation, de la concurrence internationale et des délocalisations d'entreprises ou de sites d'activité. Je pense bien sûr au secteur du bâtiment, à celui de l'hôtellerie, des cafés et de la restauration, ou encore à celui des services à la personne. Lorsqu'ils sont en période de croissance, tous ces secteurs recourent à de la main-d'oeuvre : plus de 50 000 emplois depuis trois ans, chaque année, dans le bâtiment, plus de 120 000 emplois, en 2006, pour les services à la personne. Ces emplois sont donc nombreux. Mais, surtout, ils sont protégés perturbations internationales de plus en plus fortes. Cela nous permet ainsi de stabiliser notre politique économique, et de rendre la croissance plus dense en emploi. Il y a dix ans, il fallait deux points de croissance pour être en phase stable, et passer le cap des trois points de croissance pour créer plus de 100 000 emplois. Aujourd'hui, avec 1,5 point, on parvient à faire baisser le chômage, et, avec 2 points, le mouvement enclenché est puissant.
Cela montre que la politique menée porte ses premiers fruits. L'ampleur des chiffres en témoigne : en 30 mois, c'est 500 000 chômeurs de moins et 500 000 cotisants de plus recensés à l'ACOSS. Il importe de cultiver ce mouvement dans la durée.
À cet égard, je dirai quelques mots sur les exonérations de charges, qui ont été longuement évoquées au sein du groupe UMP et en commission des finances, sous la houlette compétente de nos rapporteurs, Frédéric Lefebvre et Gaétan Gorce. Il s'agissait de savoir si les 30 milliards d'euros en question – 20 milliards pour la mesure dite Fillon, 6 milliards pour les heures supplémentaires et 4 milliards pour les exonérations ciblées sur des publics ou des secteurs spécifiques – n'étaient pas excessifs. Je rappellerai tout d'abord l'attachement de notre groupe à la défense des emplois non qualifiés, qui souvent concernent les Français les plus fragiles. C'est grâce à une politique régulière et puissante d'exonération de charges que nous avons pu les créer.
Je soulignerai ensuite que, pour les années à venir, il faudra tenir compte de la décrue du chômage et du nécessaire rééquilibrage des comptes publics, pour faire évoluer cette politique d'exonération. Pourquoi ne pas envisager de passer, par exemple, d'une exonération en taux à une exonération en montant et mettre la discussion de ce montant dans la corbeille de négociations salariales annuelles que l'État anime auprès des partenaires sociaux ? Cela permettrait de lier efficacement exonérations et discussion sur le pouvoir d'achat, et de ne pas remettre en cause les exonérations sectorielles, qui souvent sont la clé du dynamisme de certains secteurs économiques spécifiques.
Venons-en au deuxième levier, la fluidité de notre marché du travail et l'efficacité de notre service public de l'emploi. La France a du mal à faire coïncider l'offre et la demande d'emploi, et on y trouve, comme dans les pays connaissant le plein-emploi, des offres non pourvues alors que nous comptons encore près de 2 millions de chômeurs. Même si celles-ci ont reculé en trois ans, elles restent cependant nombreuses – de l'ordre de quelques milliers – et la fluidité du marché du travail reste donc un enjeu prioritaire.