Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mesdames, messieurs les députés, le Premier ministre a déclaré que notre pays était en faillite. On a peine à le croire quand on mesure les profits qu'empochent les plus fortunés de nos concitoyens ! En revanche, quand on évoque la réalité sociale, on peut dire que nous connaissons une véritable faillite. En France, le chômage oscille entre 8,5 % et 9 %, 50 % des salariés gagnent moins de 1 500 euros par mois, 15 % sont au SMIC et la probabilité qu'un ouvrier décède entre trente-cinq et soixante-cinq ans est de 26 %, ce qui devrait vous conduire à vous interroger sur la question des retraites…
A la lecture de ce PLF, il semble, monsieur le secrétaire d'État, que cette réalité vous soit étrangère. Pourtant, les Français estiment que le travail est la seconde condition essentielle à leur bonheur. C'est dire si les politiques publiques en matière d'emploi et de travail sont d'une importance capitale et doivent constituer une priorité nationale. Le Président de la République avait, me semble-t-il, axé sa campagne électorale sur la défense de l'emploi et sur le renouveau de la « valeur travail ». Or nous constatons que la mission « Travail et emploi », affiche pour 2008 un budget en baisse par rapport à l'an passé. Encore une fois, l'effet d'annonce du Président est bien loin de la politique menée par son gouvernement !
En matière de lutte contre le chômage, le PLF 2008 ne fait qu'accentuer la précarisation du marché de l'emploi et multiplier les cadeaux fiscaux aux entreprises. Cela fait des années que le Gouvernement dirige son action en ce sens, alors que cette politique est sans résultat satisfaisant pour les salariés et pour les demandeurs d'emploi. Le programme 102 « Accès et retour à l'emploi » est en grande partie fondé sur une politique de contrats aidés. Or les statistiques publiées dans le PLF démontrent l'inefficacité de ces dispositions. Les CIE, CAE et autres contrats d'avenir ne permettent nullement un retour durable sur le marché du travail : 80 % des chômeurs de longue durée ne retrouvent pas d'emploi stable après un contrat précaire.
Cette course sans fin au moins-disant social et la recherche permanente d'une baisse du coût du travail ne régleront pas le problème du chômage en France. Seul un partage équitable du temps de travail pourrait y remédier, et c'est pourquoi nous sommes très attachés aux 35 heures. Or la défiscalisation des heures supplémentaires, dont le coût pour notre pays s'élève à 6 milliards, s'inscrit dans une logique diamétralement opposée à ce constat.