Monsieur le président, monsieur le ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité, monsieur le secrétaire d'État chargé des entreprises et du commerce extérieur, mes chers collègues, le budget que nous devons examiner cet après-midi étant articulé autour de deux grands programmes, nous serons deux rapporteurs spéciaux à vous le présenter : moi-même pour le programme relatif à l'accompagnement des mutations économiques et au développement de l'emploi et M. Frédéric Lefebvre pour l'accès et le retour à l'emploi.
Dans la partie du budget qu'il m'incombait d'examiner, les crédits progressent tant en autorisations d'engagement qu'en crédits de paiement, mais on ne peut avoir une vision satisfaisante de ce budget pour l'emploi qu'en considérant globalement les deux programmes. Or, dans leur totalité, ces programmes accusent un repli assez sensible – légèrement supérieur à 3 % – qui ne peut manquer de susciter quelque inquiétude.
Je tiens néanmoins à saluer l'élégance de mes collègues de la commission des finances et du Gouvernement, qui permettent à un représentant de l'opposition de présenter un budget en légère progression et qui laisseront à un député de la majorité le soin de défendre un budget en légère diminution – diminution en fait assez significative pour ce qui est des contrats aidés.
Nous sommes, en ce début de législature, à la croisée des chemins. L'emploi connaît aujourd'hui des évolutions très significatives et le taux de chômage se situe aujourd'hui sur un point de bascule, avec un chiffre de l'ordre de 8,5 %. Cette diminution va-t-elle se poursuivre, et à quel rythme ? Assistera-t-on, au contraire, à une stabilisation et à une secousse ou à un nouveau mouvement de hausse ?
Les mutations économiques qui affectent notamment notre industrie se traduisent par des suppressions d'emplois encore significatives – près de 50 000 sur les douze derniers mois –, mais l'objectif d'une stabilisation de l'emploi industriel peut être un horizon crédible et, surtout, l'évolution du marché du travail sera nécessairement affectée par les mutations démographiques qui sont à l'oeuvre – on peut notamment espérer une stabilisation de la population active au cours des prochaines années. Toutes ces données doivent nous conduire à regarder différemment les politiques de l'emploi. Permettez-moi de relever, chers collègues, que si quelqu'un les regarde aujourd'hui, il s'agit de la gauche, car la droite est singulièrement absente de cet hémicycle. Je ne doute pas, du reste, qu'il y soit rapidement remédié, et point n'est besoin d'insister sur ce point.