Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Geneviève Fioraso

Réunion du 3 novembre 2008 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2009 — Après l'article 66, amendement 58

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeneviève Fioraso :

Cet amendement propose de modifier la répartition, au sein de l'Agence nationale de la recherche, entre projets thématiques et projets « blancs ».

Albert Fert, lauréat du prix Nobel de physique en 2007, a déclaré publiquement que s'il avait dû, à l'époque, présenter son projet de recherche à l'ANR, celui-ci n'aurait pas été accepté, car il était insuffisamment thématique et ses applications immédiates n'étaient guère perceptibles. À voir, aujourd'hui, les applications de ces recherches, y compris industrielles, au niveau international, on se dit que quelque chose ne va pas dans la répartition entre projets blancs et projets thématiques.

Madame la ministre, vous avez dit tout à l'heure – et l'on ne peut que s'en féliciter – que la proportion de projets blancs passerait de 20 % à 35 %, mais cela ne paraît pas suffisant, notamment si nous comparons ces chiffres avec la situation d'autres pays. Je ne parlerai pas des États-Unis, qui ne paraissent pas être un modèle ; je précise seulement que lorsque nous parlons des États-Unis, nous ne nous identifions pas à leur président – encore que nous pourrons peut-être le faire bientôt (Sourires) – ; nous regardons ce qui marche dans un grand pays démocratique, sans confondre les choses. En Europe, dans les pays qui possèdent des PME-PMI très innovantes, comme l'Allemagne ou les pays scandinaves, les projets blancs sont en proportion beaucoup plus importante.

Les raisons en sont multiples. D'abord, ces projets sont davantage ouverts aux jeunes chercheurs et jouent davantage sur la rupture scientifique, donc sur la rupture technologique et l'innovation. Ce sont des projets plus créatifs et qui, en outre, portent sur des thématiques émergentes, sortant des sentiers battus : les gains de compétitivité sont donc potentiellement plus importants, l'innovation étant bien réelle.

Enfin, cela permet de ne pas assécher à terme la recherche technologique. Nous ne sommes pas opposés à la recherche technologique, donc aux appels à projets thématiques, mais encore faut-il qu'elle soit alimentée par de la recherche de base, qu'on l'appelle recherche technologique de base ou recherche fondamentale.

Or l'équilibre actuellement proposé par l'ANR n'est pas satisfaisant. Nous nous démarquons en cela des pays qui possèdent une recherche réellement performante et sont plus près des 3 % du PIB que ne l'est la France, avec 2,8 %, encore en recul par rapport à l'année dernière.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion