Nous ne sommes plus au XXe siècle, nous sommes au XXIe ! Soyons de notre temps.
Or la multiplication du financement par contrat à court terme et le rôle croissant de l'Agence nationale de la recherche obligent les universitaires à se conformer à une vision de rentabilité immédiate. Les délais limités accordés à chaque projet viennent sabrer la dynamique de découverte et l'élaboration d'hypothèses et de théories. Dois-je rappeler que ce n'est pas en cherchant à améliorer la bougie qu'on a découvert l'électricité ? (Sourires.)
La recherche répondant à sa logique propre, il est scientifiquement improductif d'y appliquer un mode de raisonnement managérial. La poursuite du rendement engendre des effets pervers, notamment des rivalités entre laboratoires pouvant entraver les échanges et les collaborations.
Tout cela, vous le savez, madame la ministre, mais il vaut mieux le répéter puisque vous ne semblez pas le comprendre. À moins que vous n'ayez pas eu les bons arbitrages à Bercy.
Ce n'est donc pas avec ce budget que nous réussirons à atteindre les ratios de chercheurs des États-Unis, du Japon ou de la Scandinavie. Les revalorisations fortes que vous proposez ne concernent en réalité qu'une infime poignée de chercheurs, laissant les autres à leur situation aléatoire. Le Gouvernement annonce qu'il veut atteindre 3 % du PIB alloué aux dépenses de recherche et d'innovation : nous en sommes actuellement à 2,08 %, ce qui nous place au dix-septième rang mondial. Nous étions en 1994 au septième rang mondial avec 2,4 %. Que ferez-vous pour endiguer sérieusement ce déclin ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)