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Intervention de Christiane Taubira

Réunion du 6 novembre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristiane Taubira :

…à charge pour chacun d'entre eux de démêler les subtilités d'autres missions pour y dénicher ce qui les regarde !

Votre budget provoque de surcroît un tropisme sur l'emploi aidé sans plus de FEDOM d'ailleurs, ainsi que sur le logement social.

Certes, la réforme de l'ordonnance de 1959 a éclairci substantiellement ce qui, jusque-là, était sans doute un fouillis délibéré. Toutefois, monsieur le secrétaire d'État, quelles dispositions envisagez-vous de prendre pour répondre aux remarques pour le moins sévères de la Cour des comptes sur la difficulté à identifier les actions et les dépenses confiées à la mission « Outre-mer » ? Ce n'était pas vous, certes, mais la continuité de l'État fait que c'est à vous qu'il incombe d'y répondre.

Puisqu'il nous est donné de ne rencontrer que des ministres de l'outre-mer heureux, contents de leur budget, pleinement satisfaits de ces augmentations mystérieuses même en période de vaches efflanquées, je veux simplement vous dire que, pour nous, l'essentiel n'est pas dans les 80 % de crédits reconduits pour faire tourner l'administration. Les organismes sociaux, les bailleurs de l'immobilier social et les collectivités qui subventionnent l'État connaissent, comme nous, la réputation de mauvais payeur de l'État. Et nous savons que les moyens accordés pour compenser la discontinuité territoriale sont dérisoires. Pourtant, il n'y a pas une question de stratégie économique qui échappe aux ultramarins.

Comment exploiter les ressources naturelles, dont certaines ne sont pas renouvelables, sans exclure les natifs, détruire la nature, compromettre la santé publique, ce qui est extrêmement important, ou appauvrir la collectivité, tandis que des entreprises privées s'enrichissent et essaient de ne pas contribuer aux charges communes ?

Comment veiller à ce que les activités d'État, notamment le secteur spatial, soient exemplaires en matière d'environnement, de santé, de formation ou d'accès local à l'emploi ? Comment éviter que les privatisations de services publics tels que celui de l'énergie ne se réduisent pas à de simples transferts visant à dépouiller l'État, à « jeter » du personnel sous toutes formes de prétextes et à « larguer » des obligations de production et de tarification ?

Qu'il s'agisse de la modernisation institutionnelle ou de la démocratie sociale, de la diplomatie ou de la géopolitique, les outre-mer subiront de plein fouet les conséquences des accords de partenariat économique. Comment, sur des questions économiques ou de sécurité, l'orpaillage clandestin par exemple, faire oeuvrer ensemble des nations comme la France et le Brésil qui, dans le désordre actuel du monde, ont des intérêts aussi divergents ?

Sur les questions identitaires et culturelles, comment dénouer la tension entre la pression migratoire et notre tradition d'accueil, comment affronter et corriger les désordres sans perdre ni nos principes, ni notre éthique, ni la conscience aiguë que nous avons de ce mælström que fut notre histoire, ni ce vif entêtement que nous avons de continuer à exister collectivement et de nous rappeler à la connaissance de ceux qui font semblant de croire que nos territoires étaient des terres vierges, sans peuple et sans histoire ?

À toutes ces questions, l'outre-mer peut apporter des réponses.

Monsieur le secrétaire d'État, pour être attrayant, votre budget doit être le levier d'une action publique coordonnée entre l'État et les collectivités.

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