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Intervention de René-Paul Victoria

Réunion du 6 novembre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRené-Paul Victoria :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, l'examen du budget de la mission « Outre-mer » nous donne l'occasion de porter un regard pertinent sur l'évolution des régions et collectivités de la France ultramarine. Notre devoir de parlementaires est de dire ce qui va bien, mais également ce qui va moins bien.

Chaque année, la discussion budgétaire, lorsque nous abordons les crédits de l'outre-mer, révèle toujours les mêmes problèmes : l'éloignement géographique, l'exiguïté du marché du travail, le voisinage de pays à faibles coûts de main-d'oeuvre et à faible pouvoir d'achat, le poids de la démographie – source d'espoir pour l'avenir, mais aussi d'inquiétude pour le présent – la progression constante de la demande de logements, le taux de chômage trois fois supérieur à celui de la moyenne hexagonale, le coût des transports des biens et des personnes, la formation des prix et le maintien du pouvoir d'achat, le niveau du PIB, inférieur de 30 % à la moyenne nationale.

Pourtant, au cours des dix dernières années, l'application des mesures budgétaires et législatives adoptées par notre assemblée a permis une amélioration de la situation économique et sociale. À la Réunion, nous avons constaté un recul sensible du chômage, notamment grâce à des mesures sociales comme les emplois aidés, l'aide aux départs en préretraite et les dispositions de soutien à l'économie, qui ont favorisé la création d'emplois, de même que la politique d'investissement des collectivités locales a permis, à travers la commande publique, de créer des emplois dans le secteur du BTP.

En outre, l'essor de la création d'entreprises industrielles, agricoles et artisanales y a diversifié les moyens de production. Ainsi, le dynamisme de notre agriculture a-t-il permis la labellisation du pôle d'excellence Qualitropic dans le domaine de l'agro-nutrition, même si nos agriculteurs ont toujours besoin d'être soutenus.

La construction de logements, notamment sociaux, s'est elle aussi développée et le réseau routier a été amélioré.

Enfin, le nombre de jeunes diplômés et formés a augmenté, et l'insécurité comme la délinquance ont reculé. Le dynamisme économique de notre île se traduit par un taux de croissance de 5 %.

La décennie qui s'achève aura été marquée par l'ouverture de la Réunion sur l'extérieur, au-delà de la zone de l'océan Indien, tant en matière économique que sportive et culturelle.

Par ailleurs, notre engagement en faveur des énergies renouvelables a permis à des entreprises réunionnaises d'investir et de créer de l'activité aux États-Unis dans la production de chauffe-eau solaires, domaine dans lequel elles dominent le marché, faisant de la France le deuxième producteur mondial d'énergie solaire.

Comme vous pouvez le constater, mes chers collègues, l'outre-mer sait être dynamique et a bien des raisons d'espérer. Néanmoins, nos compatriotes des Antilles, du Pacifique et de l'océan Indien sont très préoccupés, à commencer par le taux de chômage, qui demeure, je le répète, deux à trois fois supérieur à la moyenne nationale. Nous avons toujours besoin d'emplois aidés, notamment pour permettre à nos jeunes générations de bénéficier d'une première expérience qui préparera leur insertion dans le monde du travail. Comme lors de la précédente législature, je demande donc que le dispositif de congé-solidarité, qui a fait la preuve de son efficacité, soit reconduit.

Deuxièmement, en matière de logement, et tout particulièrement de logement social, la Réunion souffre à la fois d'une stagnation des crédits affectés à ce chapitre et d'une raréfaction du foncier utilisable en l'état. Les besoins des familles demeurant importants, les perspectives ne nous permettent guère d'être optimistes.

Troisièmement, la situation des personnes âgées et handicapées n'est pas brillante. Si une grande part de notre population est très jeune, le nombre des personnes âgées augmente lui aussi. Or les capacités d'accueil et de prise en charge de la dépendance sont très limitées sur l'île. Ces mêmes personnes subissent de plein fouet les effets de seuil de la CMU et de la CMU complémentaire, alors même qu'elles relèvent pour la plupart du minimum vieillesse et que le coût de la santé y est supérieur de 30 % à celui de la métropole. Nous devons remédier à cette grave injustice sociale. En outre, les retraités réclament le paiement de leur retraite au début et non plus au milieu de chaque mois.

Quatrièmement, la continuité territoriale exige un effort supplémentaire immédiat, non seulement afin de diminuer le coût des marchandises, qui pèse lourdement sur le pouvoir d'achat de toute la population, mais également pour faciliter la mobilité entre la Réunion et la métropole. Car si les deux gouvernements précédents ont enclenché le processus en matière de continuité territoriale, le billet d'avion entre la Réunion et Paris reste inaccessible pour la plupart de nos compatriotes.

Certes, le budget de l'outre-mer connaîtra en 2008 une légère progression – près de 60 % des crédits sont consacrés à l'emploi, et ceux qui sont alloués au logement social augmentent de 13,8 %. Mais nous nous prononçons aujourd'hui sur d'importantes masses financières sans connaître la répartition des crédits affectés aux emplois d'insertion et délocalisés au ministère de l'économie et des finances. La simplification et l'efficacité de l'action gouvernementale ne doivent pas entraîner une dégradation de la situation.

Mes chers collègues, dans quelques mois, nous serons en mesure d'évaluer plus précisément les efforts que le Président de la République et le Gouvernement entendent consacrer à l'outre-mer, en particulier grâce à la nouvelle loi de programme, à la mise en place de la zone franche globale d'activité et au programme « Réunion 2030 » annoncé à l'occasion du discours de clôture du Grenelle de l'environnement. Ce programme encourage les Réunionnais à poursuivre dans la seule voie possible, celle qui consiste à bâtir ensemble un projet de développement durable, plus endogène, plus ancré dans son contexte régional, permettant ainsi à la Réunion de s'inscrire dans le cadre de la mondialisation et de la globalisation des échanges.

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