Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, budget d'attente de la prochaine loi de programme, budget laissant présager la disparition du secrétariat d'État à l'outre-mer, budget en trompe-l'oeil pour masquer les diminutions de crédits : de toutes les manières possibles, le budget que l'on nous propose peine à répondre aux aspirations de l'outre-mer.
Voyons d'abord l'emploi, qui connaît une transformation lourde de sens. Le secteur solidaire et l'emploi marchand se trouvent dissociés. L'ensemble des emplois dits « aidés » sont en effet transférés au ministère de l'économie, des finances et de l'emploi pour, dit-on, « rationaliser l'action publique ». L'objectif, certes, n'est pas contestable. Mais entreprendre ce transfert au moment même où les emplois aidés sont réduits d'un quart au niveau national, n'est-ce pas risquer de mettre à mal dans l'outre-mer une économie solidaire dont on connaît l'importance vitale ?
Ce n'est pas tout. Nous devons nous interroger sur ce qui sous-tend la décision de transférer l'économie solidaire. Pourquoi le choix ne s'est-il pas plutôt porté sur la compensation des exonérations des cotisations patronales ? Pourquoi n'a-t-on pas renoué avec les dispositions d'avant 2005 ? Contrairement à ce qui existe au niveau national, les emplois aidés ne sont pas, à la Réunion, un appoint. Bien au contraire, ils sont une composante décisive du marché du travail : ils procurent une activité à des milliers de personnes, ils sont un facteur de cohésion sociale et le vivier d'une bonne part des emplois pérennes de demain.