Je connais ce refrain, que vous ne cessez d'entonner comme s'il devait excuser toutes vos erreurs ou interdire tout débat, voire toute critique sur vos projets.
Je pourrais me limiter à vous dire que l'heure n'est pas encore à la confrontation des projets et des solutions. Il y aura des rendez-vous électoraux. Mais je ne vous le dirai pas, car je comprends votre impatience. Je comprends surtout celle des Français qui s'inquiètent de l'existence d'une alternative à une politique que, majoritairement, ils réprouvent ! Et c'est à nous d'y répondre. Je vais vous livrer quelques propositions qui permettraient de consolider le modèle social français.
Reconnaissons d'abord que ce modèle social est perfectible. Qu'il s'agisse d'emploi, de chômage, de redistribution ou de mobilité sociale, les résultats ne sont pas à la hauteur. Quant aux enjeux environnementaux, leur prise en compte est encore devant nous. Il s'agit donc moins de maintenir que d'actualiser et de faire progresser un modèle dont les fondements et les objectifs ne sauraient être remis en cause, mais dont les moyens pour y parvenir méritent d'être revisités.
Le monde est en mutation. La crise planétaire rebat les cartes. La demande de protection de nos concitoyens est forte. La nécessité de nous adapter au monde qui vient est évidente. Les transformations en cours recèlent autant de chances que de risques. À nous d'apprivoiser les menaces et de saisir les opportunités.
Nous devons d'abord adapter notre système productif. Il n'y aura d'adhésion à ce projet que si l'évolution ne signifie pour personne sa propre mise à l'écart. C'est pourquoi il est d'abord essentiel de miser sur l'éducation et la formation. Voilà un constat et un objectif que nous pouvons partager.
C'est pourquoi nous vous demandons aujourd'hui, monsieur le ministre du travail et des relations sociales, ancien ministre de l'éducation nationale, représentant du Gouvernement, de renoncer aux suppressions de postes dans l'éducation nationale : 11 200 postes pour la rentrée de septembre 2008, 16 000 pour celle de 2009. Comment ne pas relever la contradiction de la politique conduite avec le discours du chef de l'État à Versailles ? Comment voulez-vous défendre un système éducatif de qualité en procédant à de telles coupes claires ? Renoncez à cette décision néfaste ! Je vous le demande, au nom des Français qui s'inquiètent ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Si nous voulons rester fidèles à l'esprit des fondateurs du Conseil national de la Résistance nous devons plus que jamais développer l'accès aux savoirs. C'est le préalable pour maintenir notre compétitivité face aux pays émergents, c'est la condition pour sauter le pas de cette nouvelle révolution industrielle, celle des nouvelles technologies. L'accès à la formation doit être permanent pour donner corps à cette belle idée de « l'égalité des possibles », c'est-à-dire les moyens offerts à chacun de dépasser sa condition à chaque étape de son existence.
L'égalité des chances lorsqu'elle consiste à aligner sur une ligne de départ des individus aux atouts différents n'est plus qu'un alibi commode pour justifier la reproduction mécanique des inégalités. Il faut donner plus à ceux qui ont moins, et d'abord en matière d'éducation. Il faut donner tout au long de la vie. Il faut multiplier les accompagnements individualisés.
Cela passe notamment par l'ouverture d'un service public de la petite enfance, la mise en place d'un plan de recrutement pluriannuel pour faire face à la demande d'enseignants, la revalorisation du métier d'enseignant, en poursuivant les efforts de professionnalisation tout au long de leur carrière, le retour des postes de RASED supprimés, l'adoption de critères de financement des universités qui tiennent compte de la structure sociale de ces dernières, du nombre d'étudiants en première année, du nombre de boursiers ou du nombre de diplômés, enfin, la création d'un chèque éducation sur toute la vie à tous ceux qui sont sortis précocement de la formation initiale,