Oui, j'ose le dire, je connais des croyants qui sont loin, hélas, d'être des pratiquants. C'est malheureusement la réalité de votre politique et de votre majorité. Je suis désolé, monsieur Bardet, de vous fatiguer en rappelant cela, mais c'est le rôle de l'opposition !
Si, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, des hommes venus d'horizons si différents se sont unis pour appliquer ce programme collectif, c'est parce qu'ils trouvaient là la justification de leur engagement commun dans la République. C'est ce socle commun auquel nous vous demandons de ne pas vous attaquer aujourd'hui avec cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Demain après-midi, les députés socialistes s'exprimeront par la voix de Laurent Fabius lors du débat de censure. Nous aurons à cette occasion le débat que nous n'avons pu avoir à Versailles. Nous verrons alors les réponses que nous apportera le Premier ministre. Entend-il changer sa politique ou, au contraire, poursuivre celle qu'il mène depuis deux ans déjà ? Comment entend-il traduire en actes les déclarations d'intention d'un Président qui n'est jamais en retard d'une manoeuvre de séduction, mais qui ne modifie jamais le cours de son action ?
Je vais vous dire le fond de ma pensée : Nicolas Sarkozy ne ment pas complètement, mais du même coup, il ne dit pas non plus complètement sa vérité. Son discours ne s'adresse en réalité qu'à une partie des Français. Sous couvert de libertés ouvertes à tous, il met en place de nouveaux privilèges pour quelques-uns. Le Président « parle universel », ce qui peut séduire certains, mais il agit pour des intérêts particuliers et parfois, trop souvent même, pour des intérêts très puissants. Telle est aussi la réalité de sa politique.
Je veux illustrer mon propos avec la proposition que nous examinons. Le travail du dimanche, que le Président cherche à généraliser, est une liberté qu'il entend offrir à certains. Ainsi, quand il justifie l'ouverture dominicale par la nécessité de permettre à Mme Obama et ses filles de faire du shopping, il nous livre, par une forme de lapsus politique, ce qui guide sa volonté.
En effet, l'ouverture dominicale est un service rendu à une partie de la population active. Elle rend la vie de certains plus commode en leur permettant de choisir leur temps de consommation. Mais ce confort nouveau pour les uns a un prix : le labeur des autres ! Et, disons-nous les choses sans fausse pudeur, il s'agit du travail de personnes peu ou pas qualifiées dont la capacité à dire non est extrêmement réduite. Christian Eckert l'a remarquablement expliqué ce matin.
Cette césure entre deux mondes qui se côtoient sans se mélanger n'est pas acceptable pour un socialiste, pour un républicain, et c'est sans doute là notre différence. La généralisation du travail dominical accentue de fait la précarisation des conditions de travail des plus vulnérables, pour offrir plus de confort – je ne dis pas bien-être – à ceux qui n'auront jamais besoin de sacrifier leur vie privée pour trouver un emploi.
Le travail du dimanche sera sans aucun effet global sur la croissance et l'emploi. Les précaires n'auront pas davantage de travail, mais leur travail sera plus émietté, plus précaire.