À partir d'un exemple précis et chiffré, je voudrais montrer la validité des arguments que nous avançons pour défendre cet article 1er.
Je m'adresserai plus particulièrement au secrétaire d'État, Laurent Wauquiez, puisque nous sommes tous les deux Auvergnats et donc concernés par la manufacture Michelin, comme l'appelait mon père qui en était un ouvrier.
Il y a quelques mois, Michelin a fermé son site Kleber de Toul, qui comptait 826 salariés. Pendant des années, cette fermeture a été anticipée, programmée, et préparée par une absence d'investissements productifs : seulement 17 millions d'euros ont été investis en sept ans, alors que dans la même période, Michelin investissait 200 millions d'euros dans une usine rachetée en Roumanie. Et des centaines de salariés attendent toujours le reclassement qui leur avait été promis.
Michelin est à Clermont-Ferrand, et aussi à Bavozy, à quelques kilomètres de chez vous, monsieur le maire du Puy-en-Velay. Lors de l'assemblée générale des actionnaires, le 15 mai, on a assisté à la grande distribution des profits : 147 millions d'euros accordés aux actionnaires, ce qui porte à 800 millions d'euros les dividendes des trois dernières années. Et si Toul a fermé, d'autres sites comme Roanne – un député de la Loire est intervenu tout à l'heure –, le Puy-en-Velay, chez vous, monsieur le secrétaire d'État, Montceau-les-Mines, ou La Roche-sur-Yon sont en danger !
Dans le même temps, à Clermont-Ferrand, un atelier de rechapage de poids lourds est au chômage partiel. À quelques kilomètres, une entreprise spécialisée dans le changement de pneumatiques ne dispose pas en stock de pneus de l'atelier dont les salariés sont mis en chômage technique, et les clients attendent. Toujours à Clermont-Ferrand, l'usine Trelleborg doit s'arrêter de produire pendant plusieurs jours, dans l'attente des pièces d'un autre atelier de Michelin dont les salariés ont aussi été mis en chômage technique.
Dans le même temps, le patron de Michelin, M. Rollier, a augmenté ses revenus de 112 % en trois ans : ils sont passés de 2,5 millions en 2006 à 4,2 millions en 2007. Il gagne 14 520 euros nets par jour ! Pendant ce temps, on prépare la suppression de sites ! En 2008, chacun des 117 000 salariés de la manufacture Michelin a créé 140 000 euros de richesse.
On ferme l'usine de Toul tout en anticipant la fermeture d'autres sites, et on met des salariés au chômage technique. Ces salariés qui défendent leur emploi et leur outil de travail, qui ont apporté chacun 140 000 euros de richesse en 2008, demandent 350 euros de plus par mois. Revendication rejetée avec une indécence terrible, au moment même où on distribue 147 millions d'euros de dividendes et où on donne des stock-options aux cent plus hauts dirigeants de l'entreprise. C'est intolérable !