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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 9 mars 2009 à 21h30
Réforme de l'hôpital — Après l'article 25, amendement 552

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Eh oui, on ne se refait pas !

Comme vous l'avez reconnu vous-même, madame la ministre, ceux qui ont signé la charte l'ont fait dans un réflexe de prudence. Mme Boyer affirme que c'est une première étape. Si je développais cette allégorie, qui pourrait être cycliste, je dirais que cette charte est à la santé publique ce que le vélo d'appartement est à celui des coureurs du Tour de France. (Rires.) En tant que ministre des sports, vous comprenez ce que je veux dire. Cela dit en passant, je vous fais davantage confiance qu'à M. Laporte.

Vous avez parlé de négociations ardues. Nous avons assurément de la compassion pour vous. Mais si vous voulez savoir ce qu'est une négociation ardue, demandez à M. Jego ; il le sait, lui ! En réalité, je ne crois pas que ce soit votre cas, parce que vous ne savez pas vraiment résister aux intérêts que représentent ces sociétés avec lesquelles vous avez signé la charte. Hélas, l'expérience de ces derniers mois montre que les puissants arrivent toujours à se faire entendre de ce gouvernement et de celui qui est en l'inspirateur ; nous l'avons vu pour la publicité audiovisuelle.

Monsieur le président de la commission, il ne s'agit pas de préserver des intérêts économiques ou industriels, fussent-ils ceux de la communication ou de l'agroalimentaire. Ces intérêts ne sauraient prévaloir lorsque des questions de santé publique sont en jeu.

Coca-Cola, MacDo, sont-ils plus moraux que les autres ? Bien sûr que non. Il sont tout aussi cyniques, mais ils sont plus habiles et ils savent dans quel état d'esprit se trouve l'opinion publique aujourd'hui ; ils ont donc décidé de la caresser dans le sens du poil.

Vous nous dites que des parlementaires seront impliqués. La belle affaire ! Madame la ministre, il faut admettre que l'Assemblée nationale vous dise que vous n'avez pas été assez déterminée. Si vous acceptez de vous faire mettre l'épée dans les reins par les députés, vous négocierez beaucoup plus efficacement avec des gens que vous n'avez pas passés à l'essoreuse avec assez de résolution.

Enfin, Mme Boyer se demande : « Pourquoi ne signent-ils pas ? » Si j'osais ce pléonasme : quelle candeur naïve ! Chère collègue, quand vous aurez quelques heures de vol à défendre les privilégiés, comme il est de rigueur à l'UMP, vous comprendrez que vous êtes dans un rôle qui n'est pas du tout le vôtre. Alors que l'UMP défend leurs intérêts, vous faites semblant aujourd'hui de vous y opposer. Vous êtes dans la contradiction totale, et cela ne tient pas.

Nous sommes d'accord avec le président Méhaignerie. Malgré sa prudence excessive, il vaut mieux le suivre sur la ligne de crête hasardeuse qu'il a choisie plutôt que de renoncer complètement, comme vous le proposez, madame la ministre.

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