Vous posez là une question de fond, monsieur Perrut. Le professeur Kaspi remettra dans quelques jours un rapport que le Gouvernement entend bien, au moins pour partie, reprendre à son compte. Je ne songe pas aux points polémiques, qui ont suscité une certaine émotion ces derniers temps, et à propos desquels j'ai été très clair, mais à la réflexion sur les voies et les moyens concrets permettant de revivifier les cérémonies.
En amont de notre démarche, se trouve l'ONAC, qui portera demain cette dimension qu'est la mémoire. Je n'y reviens pas. Le secrétaire d'État chargé de la défense et des anciens combattants est avant tout un secrétaire d'État de la mémoire vivante.
En tant que maire, je suis confronté à la difficulté de rendre les commémorations plus attractives pour de nouveaux publics. Il faut faire passer un message aux jeunes, qui ont déjà compris, grâce aux nouveaux médias – télévision, internet, livres ou bandes dessinées portant sur tel as de l'aviation ou tel moment terrible de la guerre – que les combattants étaient des jeunes gens de leur âge. Ils avaient les mêmes espérances qu'eux, et la même envie de réussir leur vie. Les uns ont été fauchés ; d'autres, qui ont survécu, ont traversé des moments terribles. Les jeunes l'ont compris ; je peux en témoigner.
La mémoire entre pour une large part dans la cohésion nationale. Elle révèle ce que l'on a envie de partager, ce qui fait le lien entre les habitants dans un pays et ce que l'on est prêt, le cas échéant, à défendre. Les commémorations jouent donc un rôle essentiel. Nous devons y travailler, grâce à un partenariat renforcé avec l'éducation nationale. Par ailleurs, on ne soupçonne pas toujours l'implication croissante dans cette démarche des associations du monde combattant et patriotique, comme Le souvenir français. Les réussites sont nombreuses. À nous de donner les moyens de faciliter cette démarche, qui représente à nos yeux une priorité.
Quant à la dimension internationale, les commémorations actuelles, y compris celles qui, dans quelques jours, autour du Président de la République, constitueront un temps fort, nous permettent de faire passer le message fort d'une mémoire partagée dans l'Europe de la paix.