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Intervention de Catherine Coutelle

Réunion du 15 avril 2008 à 9h30
Combattre l'incitation à l'anorexie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Coutelle :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la rapporteure, mes chers collègues, nous examinons ce matin, dans l'urgence, une proposition de loi visant à combattre l'incitation à l'anorexie.

L'anorexie mentale est un véritable enjeu de santé publique, nul ne le conteste. Près de 40 000 personnes en souffrent. C'est une maladie d'autant plus préoccupante, tous les orateurs l'ont dit, qu'elle conduit, dans environ 10 % des cas, à un décès. Il est donc urgent d'agir, cela ne fait aucun doute.

Pourtant, la proposition de loi dont nous débattons ce matin ne va pas dans le bon sens, et ce pour trois raisons.

Le première, c'est la précipitation, qui n'autorise pas la réflexion. Depuis que j'ai été élue députée, au mois de juin 2007, j'ai pu constater avec quelle précipitation nous examinons des textes de loi qui se succèdent à un rythme soutenu, trop soutenu pour qu'il soit possible de travailler correctement.

Comment justifiez-vous cette précipitation ? J'ai consulté le calendrier de nos travaux tel qu'il était établi à la date du 31 mars dernier : l'examen de cette proposition de loi n'était pas prévu dans l'agenda prévisionnel du mois d'avril. Vous avez déposé votre texte le 3 avril, et il est discuté ce matin, 15 avril.

Y a-t-il des événements d'une exceptionnelle gravité et d'une actualité brûlante qui l'exigent ?

Certes, des cas d'anorexie tragiques avaient mis sur le devant de la scène cette question préoccupante : la mort de jeunes mannequins, dont une mannequin brésilienne en novembre 2006, ou encore une publicité racoleuse interdite sur les chaînes de télévision françaises, mais qui a circulé sur Internet ou dans les magazines.

Mais récemment, rien de tel, alors que votre initiative bouscule l'ordre du jour de l'Assemblée et relègue à jeudi matin la discussion sur la révision générale des politiques publiques.

Sujet de société dramatique, l'anorexie, cela a été dit, touche principalement les jeunes filles – dix filles pour un garçon –, et particulièrement dans nos sociétés occidentales. Face à ce que vous considérez, selon votre rapport, comme une priorité de santé publique, face à ce phénomène multiforme qui peut être mutilant, voire mortel, pourquoi ne pas avoir pris le temps de réunir des familles, des médecins, des psychologues, des psychiatres pour conduire une mission approfondie sur la manière la plus efficace d'aborder la question ?

D'ailleurs, vous-même reconnaissez dans l'introduction à la loi que « nous avons encore beaucoup à apprendre sur ce sujet et le présent texte n'a pas pour ambition de traiter de tous les problèmes soulevés par l'anorexie ».

L'actualité de votre texte est sans doute liée à la signature de la charte qui met en place des règles éthiques afin de lutter contre l'image de maigreur excessive renvoyée par les mannequins. Mais, de l'avis même des professionnels qui en sont signataires, si c'est un premier pas, cette charte n'est guère contraignante.

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