Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, on constate assez vite à quel niveau nos collègues socialistes ou communistes placent le débat. Or il convient de ne pas détourner l'attention de la finalité du texte.
Nous vivons dans une société malade et nombre des maux sociaux s'expriment par des conduites addictives. Le législateur est déjà intervenu à plusieurs reprises sur de telles conduites, qu'il s'agisse du tabac, de l'alcool, mais aussi de l'obésité. La question est ici de savoir si l'anorexie mentale et ses conséquences sur la société et surtout sur les jeunes doit donner lieu à une intervention du législateur.
Qu'en est-il ? J'ai bien entendu M. Le Guen faire allusion à la différence entre l'anorexie et l'obésité. Vous l'avez dit, cher collègue, certaines anorexies conduisent à des attitudes boulimiques et l'on sait qu'il s'agit d'une forme grave de la maladie. Tous les professionnels de santé concernés savent aussi que le passage de l'anorexie à l'obésité est relativement fréquent.
En effet, les personnes ainsi atteintes expriment d'une manière très particulière un trouble social ou un trouble psychique. La différence entre ces deux maladies est que l'obésité, beaucoup plus largement répandue, touche souvent des couches sociales plus défavorisées, tandis que l'anorexie, maladie pourtant souvent proche, touche des classes sociales favorisées, de jeunes femmes ou de jeunes filles parmi les plus intelligentes, les plus perfectionnistes, souvent suicidaires et autodestructrices.
La question est de savoir s'il existe des dérives sociales qui incitent à ce comportement. Nous avons été amenés à légiférer sur l'obésité parce que certains lobbies – notamment dans le secteur agroalimentaire – jouaient un rôle susceptible de modifier les conduites alimentaires de la population. Il en est de même pour l'anorexie. C'est d'ailleurs tout le sens de ce texte.
Il faut savoir que l'anorexie comporte une phase de réversibilité, tant sur le plan psychiatrique que sur le plan clinique, et que, à cause d'une incitation, elle peut comporter une phase irréversible et donc dramatique. Aussi le texte vise-t-il à aider les professionnels de l'image, du comportement, à éviter de commettre certains excès, à faire en sorte que leur action n'ait pas d'effet négatif sur les populations fragiles.
Le législateur doit-il intervenir ? Oui, lorsque certaines pratiques risquent d'accentuer ces phénomènes et de mettre en danger les personnes concernées. Puisqu'il s'agit d'une véritable maladie sociale, il est important que la société se prononce. Oui, le législateur doit intervenir lorsque des pressions peuvent s'exercer. Or, on l'a dit, certains sites Internet très dangereux poussent les personnes fragiles dans la phase non réversible de l'anorexie.
Nous ne sommes pas les seuls à nous intéresser à ce sujet : depuis quelque temps, plusieurs pays ont pris des mesures. L'Espagne s'est rapidement émue et a agi en faveur des mannequins pour définir des standards éloignés de ceux pouvant se révéler dangereux, le danger se situant dans un extrême comme dans l'autre. L'Italie a également décidé de faire bénéficier ces professionnelles de garanties médicales afin qu'elles ne tombent pas dans ces excès.
Seulement, un certificat médical est-il suffisant ? Ainsi la notion de « critères objectifs » a-t-elle été définie. Par exemple, l'indice de masse corporel – je regrette, madame Fraysse –, ne demande pas d'énormes moyens pour être calculé.