Bref, vous prenez les Français pour des gogos !
Non contents de cela, vous spéculez aussi sur notre tissu économique. : alors qu'elles sont à la peine, vous avez choisi d'affaiblir nos PME.
Avec la loi LME, vous avez donné la prime aux acheteurs en déséquilibrant les relations commerciales entre les fournisseurs et les distributeurs ; vous avez même conforté leur oligopole de fait en refusant d'ébranler le cartel de leurs centrales d'achat.
Pire encore, vous avez joué aux apprentis sorciers en déséquilibrant notre économie réelle, par la libéralisation et la privatisation, sans précaution, le secteur de l'énergie. Les conséquences ont été désastreuses pour nos industriels, qui ont vu en quelques mois leurs factures d'électricité augmenter de 50 % et devenir le premier poste de charges fixes, devant même la masse salariale ! Je pense notamment aux papeteries, qui depuis un an ferment définitivement les unes après les autres.
Loin d'en tirer les leçons, vous persévérez en envisageant de mettre en place la mise aux enchères des quotas d'émissions de CO2. Comme naguère avec les télécommunications, vous nous préparez, avec ces enchères dans le domaine de l'énergie, une jolie bulle spéculative aux conséquences imprévisibles !
Comment ne pas parler de la faiblesse européenne de votre politique, et de ce chantier laissé en plan de l'harmonisation sociale, quand – à force de nier l'impérieuse nécessité d'harmoniser les conditions sociales du travail – des industries pourtant très profitables délocalisent dans des pays financés par le FMI, et où la main d'oeuvre coûte trois fois moins cher. Je pense par exemple à Molex à Toulouse, ou à Tyco dans l'Isère ou à Pontoise.
Rien de tout cela n'a été remis en cause par le grand spectacle du G20, ou par l'hypothétique plan de relance européen.
Les économistes prédisent que les fermetures temporaires des grands sites industriels – Michelin, Renault, PSA, Arcelor Mittal, Rhodia – annoncent une accélération de la désindustrialisation de la France. Face à la crise que nous traversons, il ne faut plus changer le pansement mais penser le changement. (Applaudissements et rires sur les bancs du groupe SRC.)
C'est difficile, lorsqu'on fait croire que le changement consiste à bouger tout le temps, et que les mesures d'un jour font oublier les mesures annoncées la veille. Mais attention, la bougeotte, fût-elle présidentielle, ne saurait arrêter la colère !
Soyons lucides : peut-on encore se payer le luxe de se contenter de substituer l'État ambulance à l'État providence ?
À l'évidence, la crise doit être l'occasion de changer de méthode : il nous faut réinventer l'État stratège, pour remettre la France et l'Europe sur les rails d'une économie pérenne et féconde.
La mise en place d'une nouvelle politique industrielle est d'autant plus vitale que la moitié de notre tissu industriel est sous le contrôle d'investisseurs étrangers, contre 10 % aux États-Unis, 5 % en Allemagne, et 1 % au Japon : comment que nous soyons si vulnérables aux soubresauts du capitalisme mondial ?