Je reviens aux sources de la crise, et vous le noterez, pas seulement aux causes directes. Selon moi, c'est notre notion du risque. Le problème est non pas le risque en lui-même, mais notre façon de tenter par tous les moyens de s'y soustraire, de ne pas vouloir en payer le prix. Or la vérité, c'est que, si l'on peut se prémunir de certaines conséquences du risque, on ne l'élimine jamais. Et si l'on s'imagine abolir le risque, il n'y a pas de création de valeur. La vérité, c'est que, par exemple, lorsqu'un produit présente un risque, si sophistiquées que soient les protections, ce risque restera le même : le risque ne se dilue pas, non plus que son coût financier – autrement dit, le risque doit être rémunéré mais, et c'est ce que j'entends par revenir aux sources du capitalisme, être rémunéré selon sa valeur réelle, en toute transparence, et c'est sur ce deuxième point que nous avons l'obligation d'intervenir.
Pour nous prémunir contre de futures crises, nous devons agir sur les quatre principaux facteurs de cette myopie financière, hélas ! partagée par les acteurs financiers et économiques : la mesure du risque, les missions des agences de notations, les systèmes de suivi et de contrôle des risques et, enfin, le périmètre du risque.