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Intervention de Michel Liebgott

Réunion du 24 septembre 2008 à 15h00
Revenus du travail — Après l'article 2, amendement 1098

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

Au-delà des amendements que nous défendons, il s'agit d'un débat de société. Nous sommes favorables à une social-démocratie qui, parmi ses principes de base, théorisés depuis longtemps, compte en particulier la relance par la demande. Celle-ci suppose que l'on aide ceux qui n'ont pas assez de pouvoir d'achat. Or, pour des raisons idéologiques et pour vous conformer au programme annoncé par le Président de la République, vous avez fait l'inverse. Vous étiez dans votre logique, certes. Mais cela ne doit pas vous empêcher de revenir sur des mesures qui ne sont pas efficaces. Car si les cadeaux fiscaux que vous aviez faits l'année dernière l'étaient, si les déficits publics diminuaient, si les comptes sociaux revenaient à l'équilibre, s'il y avait une relance de la croissance, si nous ne constations pas cette dégradation continue de notre commerce extérieur qui nous fait honte, surtout en comparaison de notre voisin allemand, nous pourrions vous accorder des circonstances atténuantes. Mais ce n'est pas le cas.

C'est pourquoi nous insistons sur le crime originel, qui est au fondement même de votre politique, et dans lequel vous persévérez. Constatant votre échec à aider les plus défavorisés, vous nous proposez deux textes. Le premier qui, en réalité, ne concerne que quatre millions de personnes, porte sur la participation et sur l'intéressement. Quant au second, le projet sur le RSA, vous le renvoyez à plus tard ; tout en communiquant beaucoup sur le sujet, vous ne le jugez pas prioritaire. Vous nous proposez donc d'abord d'agir au niveau des entreprises. Mais pour distribuer de l'argent à leurs salariés, il faut qu'elles se portent bien, donc que la demande soit suffisante, ce qui n'est pas le cas. Plus inquiétant, la dégradation du contexte international aura certainement des conséquences plus profondes encore en France car vous avez porté atteinte au pouvoir d'achat des plus défavorisés. Certes, pour l'instant la crise des subprimes ne semble pas menacer directement le système financier français. Mais à force de diminuer le pouvoir d'achat des plus défavorisés, vous allez les pousser à emprunter non plus pour acquérir des biens, mais simplement pour vivre au jour le jour – les cartes de crédit y concourent déjà et certaines sociétés de crédit en abusent. Nous pouvons donc craindre le pire, pour les institutions financières, mais surtout pour les gens concernés. Tiraillés entre l'application de l'idéologie et de la stratégie du Président de la République et cette réalité que vous connaissez aussi en tant qu'élus locaux, vous n'osez pas vous exprimer à ce sujet. Vous les rencontrez pourtant comme nous, ces gens qui attendent le RSA, ces salariés auxquels vous faites miroiter un intéressement auquel beaucoup n'auront pas droit car ils travaillent comme intérimaires ou dans des sociétés qui ne le mettront pas en place.

Nous le répétons et le répéterons encore, ce texte est à nos yeux un texte scélérat. Nous ne voulons pas de cet article, et nous ne lâcherons pas car nous savons bien que si nous vous laissons faire, vous irez encore plus loin, comme à l'article 3 avec cette commission d'experts qui va déterminer le niveau du SMIC chaque année. Or, quand on n'a pas un euro en poche, on sait ce qu'un euro de plus signifie ; quand on est expert, en général, on est rémunéré en centaines ou en milliers d'euros.

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