Je profite de l'article 21 pour dire un mot des directives européennes Natura 2000. J'ignore si elles apportent quoi que ce soit à la biodiversité et à la protection de la nature ; je sais en revanche qu'elles sont dévastatrices pour la compréhension que nos concitoyens ont de l'Union européenne et la relation qu'ils entretiennent avec Bruxelles.
Je pense en particulier à celui qui a consacré toute sa vie à son champ, à sa forêt, à ses montagnes et à son village, qu'il croit connaître et pour lesquels il a donné aujourd'hui sa sueur, jadis son sang, et qui voit soudain arriver des hommes venus d'ailleurs pour lui dire qu'il ne s'y prend pas bien, qu'on a décidé à Bruxelles, sans le consulter, qu'il fallait qu'il procède autrement, qu'il s'agit d'un projet sur lequel ont planché depuis trente ans le Muséum d'histoire naturelle et la fondation Cousteau, qu'il s'est agi de ZNIEFF et de ZICO, et maintenant d'une loi européenne qu'il doit appliquer quoi qu'il lui en coûte.
Lorsque ce brave homme découvre qu'on utilise des satellites Spot pour photographier son exploitation et distinguer entre prairie, forêt et rochers, lorsqu'on lui envoie des contrôleurs pour vérifier qu'il a correctement rempli les déclarations sur lesquelles il a planché plusieurs heures, alors il ne comprend plus.
Non seulement les gains sont nuls pour la protection de la nature et de la biodiversité, mais en plus les dégâts sont énormes parmi les populations responsables auxquelles s'adressent ces directives.
On ne demande pas à l'homme qui entretient l'Arc-de-Triomphe comment il procède. On sait qu'il fait bien son travail parce qu'il aime l'Arc-de-Triomphe et qu'il le fait au nom de Paris, au nom de la France, au nom de l'humanité. Celui qui entretient un petit veau des Pyrénées met le même coeur à l'ouvrage, sauf qu'aujourd'hui il est privé de son libre arbitre par des directives.
Sans doute est-il encore un peu tôt mais, comme le disait à l'instant le ministre, les esprits évoluent vite sur la biodiversité.
Moi, je vais attendre que cette évolution continue. Je vais attendre qu'un jour, l'homme réapprenne à faire confiance à l'homme, que l'homme de Bruxelles et l'homme de Paris réapprennent à faire confiance à l'homme de Lourdios-Ichère ! Alors, ces directives qui n'ont aucun sens seront purement et simplement abrogées. Qu'on les laisse à ceux qui veulent bien les appliquer chez eux, qu'on trouve un autre mode plus charnel, plus humain, plus vrai de s'occuper de la terre de nos aïeux !