Monsieur le ministre, j'enfonce le clou concernant le nécessaire courage qu'il faut avoir pour prendre des mesures coercitives et limitatives en faveur des espèces en voie de disparition.
Je prends l'exemple de l'esturgeon qui, il y a cinquante ans, était une espèce prolifique dans l'estuaire de la Gironde et qui a entièrement disparu. On consacre d'énormes moyens et beaucoup d'énergie à le réimplanter. J'ai eu le bonheur, il y a quelques mois, de procéder à des lâchers d'alevins en Dordogne avec Mme Kosciusko-Morizet, mais je préférerais que l'on protège les espèces plutôt que de perdre du temps à en relâcher.
Or aujourd'hui, nous sommes dans une situation identique pour nombre d'espèces, dans l'estuaire de la Gironde : je veux parler des aloses, mais plus encore des anguilles, dont l'alevin, la civelle, appelée localement « pibale », est en voie de disparition et pour laquelle il faut prendre des mesures d'urgence, car il s'agit du même syndrome : elle est rare, donc, chère. De grâce, n'attendons pas que la dernière pibale ait été pêchée pour nous préoccuper a posteriori de sa réimplantation dans des conditions épouvantables, car elle ne se reproduit pas en captivité.
J'appelle également votre attention sur la nécessaire coordination entre les aires marines et les procédures existantes, telles que Natura 2000, les ZNIEFF, les ZICO, les SAGE ou les programmes leaders. Pour prendre l'exemple de l'estuaire de la Gironde, le syndicat mixte interdépartemental de l'estuaire, créé par deux départements, deux régions et deux pays, a mis en place des procédures au niveau de l'estuaire et travaille sur un périmètre allant de l'Atlantique à Bordeaux. Trois personnes travaillent aujourd'hui pour le SMIDDEST – le syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde –, et une aire marine protégée va être créée, laquelle, me dit-on, mobilisera dix-sept personnes. Vous pouvez constater la distorsion des moyens !
Je voudrais savoir quelle sera l'articulation, la communication, l'interaction, la synergie entre ces différentes procédures. Il y a déjà, portés par le SMIDDEST, un SAGE, un DOCOB Natura 2000 et un programme leader, auxquels s'ajoutent l'intervention des pays et un projet de parc naturel régional en perspective sur la même aire.