Voilà ce que nous avons fait de nous-mêmes ! Et l'on s'étonne, avec cela, des problèmes qui peuvent surgir sur notre planète ? Ils ne sont pourtant qu'une conséquence toute logique de notre état actuel. La surconcentration de certains territoires suscite d'inévitables abus. À l'inverse, l'abandon programmé de centaines de millions d'hectares nous conduit vers de grandes catastrophes. Ceux qui, jadis, entretenaient ces territoires, n'y sont plus ; les catastrophes s'abattent, les unes après les autres, sur nos plaines et sur nos villes, et ce avec ou sans réchauffement de la planète.
Enfin, pourquoi s'acharner à protéger la part de notre territoire – de l'ordre de 40 % ou 50 % – qui est déjà la plus protégée et la plus naturelle ? Les dernières âmes qui y veillent encore s'éteignent dans un silence assourdissant. Faute d'entretien, la verdure s'immisce partout et les arbres envahissent les maisons. Et pourtant, couche après couche, on superpose les nouvelles directives. Natura 2000, qui avait déjà tout gelé, ne suffisait donc pas ?
Pourquoi ne pas s'occuper du problème là où il se pose vraiment ? Un immense élan national et même mondial nous accompagnerait alors. Je cèderais à un humour trop facile en proposant de réintroduire l'ours et le loup dans la forêt de Fontainebleau, pour voir le résultat. Cependant, on préfère les laisser faire là où il ne subsiste plus que quelques hommes et femmes qui se battent tous les jours sans plus croire à rien – et surtout pas en nous. Voilà comment nous conservons bonne conscience, et le sentiment que nous sommes à jour dans nos comptes avec l'humanité.