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Intervention de Christian Paul

Réunion du 15 juillet 2008 à 15h00
Débat d'orientation des finances publiques pour 2009

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Paul :

Vos choix sont condamnables.

Deuxième motif d'inquiétude, le pilotage de la politique de santé, erratique depuis des années, diffère les évolutions nécessaires et s'enfonce dans de fausses pistes.

Les évolutions nécessaires sont radicales afin de soigner mieux.

En matière de prévention et de santé publique, des stratégies volontaristes et une mutation des modes de rémunération des professionnels de santé sont nécessaires. Encore faut-il avoir le courage d'affronter le clientélisme et de lutter contre les dépassements d'honoraires. Cela passe aussi par la mise en place de parcours de santé réellement coordonnés.

Les fausses pistes sont légion et vous ne manquez pas de les emprunter : les revalorisations qui ne servent pas une stratégie cohérente, puisque vous oubliez les généralistes ; la culpabilisation des malades. Oui, nous serions prêts à considérer que les malades doivent être responsables, mais doit-on pour autant les traiter en coupables, les prendre en otages ? Cela est contraire à l'esprit de notre République.

Troisième motif d'inquiétude – structurel –, vous substituez peu à peu les dépenses individuelles aux dépenses socialisées. C'est visiblement le premier étage de la fusée : transférer aux mutuelles et aux assurances complémentaires, aux assurances privées ce que la sécurité sociale ne rembourserait plus. J'y vois, monsieur le ministre, un calcul ; permettez-moi de le trouver cynique. Les hausses de tarifs des complémentaires et des mutuelles sont moins visibles que celles des prélèvements obligatoires.

Ces hausses sont-elles, pour autant, plus justes, plus équitables et mieux réparties ? Le principe de solidarité en sort-il renforcé ? C'est doublement condamnable parce que cela signifie une participation accrue des ménages – et d'eux seuls – au financement de leur protection et la réduction de l'effort de solidarité au détriment des familles à revenus modestes, car les tarifs ne sont pas progressifs.

La démission de la sécurité sociale, que vous semblez souhaiter, s'étend bien sûr aux affections de longue durée, mais aussi aux soins dentaires ou optiques, que vous citez souvent comme cibles de ces transferts et de ces déremboursements. Ces soins deviennent inabordables pour beaucoup de Français, retraités, chômeurs et même salariés. Aujourd'hui, c'est souvent grâce à l'entraide familiale qu'ils payent les lunettes ou les prothèses dentaires, au-delà de la maigre prise en charge par la sécurité sociale et les mutuelles.

En écoutant depuis des mois M. Woerth, Mme Bachelot, en lisant les rapports parlementaires émanant de votre majorité, il ne se dégage qu'une seule idée, qu'un seul fil conducteur : la protection sociale coûte trop cher

Le second étage de la fusée est-il la privatisation plus complète de la sécurité sociale ? La manière dont vous procédez depuis six ans nous pousse à le penser et à le redouter. Mais soyez-en sûrs, vous nous trouverez, avec des millions de Français, en travers de votre route. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

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