Je veux rebondir sur un point pour illustrer notre inquiétude quant à l'avenir de la création.
Vous venez de nous dire, madame la ministre, que les montants alloués à la création doivent passer de 365 à 425 millions d'euros, et vous avez précédemment indiqué que les 450 millions de manque à gagner seront compensés, sans que l'on sache d'ailleurs véritablement si l'inflation sera ou non prise en compte dans cette compensation.
Par ailleurs, Patrick Bloche a fait allusion tout à l'heure à un article paru le 10 décembre dans Les Échos indiquant que l'État demandait 700 millions d'euros d'économies à la chaîne publique.
Comment entendez-vous à la fois garantir 450 millions d'euros et en récupérer 700 millions ? Comment pouvez-vous affirmer que ce ne seront plus 365 millions mais 425 millions d'euros qui vont être affectés à la création ? Est-ce sur les bases indiquées par l'article des Échos que se négocie le plan d'affaires de France Télévisions ? En ce cas, si l'argent manque à ce point, on ne voit pas comment les montants affectés à la création d'oeuvres cinématographiques et audiovisuelles européennes d'expression originale française pourront être garantis.
Noël Mamère a rappelé à juste titre que France Télévisions était bénéficiaire, il y a un an, de 29 millions d'euros. On parle aujourd'hui d'un déficit de 80 à 90 millions d'euros, ce qui laisse entrevoir à quelle point l'entreprise est déstabilisée par une décision inopportune, du moins à nos yeux car elle est plutôt opportune pour ceux qui récupéreront la publicité sur leurs propres chaînes.
Nous aimerions donc savoir, madame la ministre, si, oui ou non, l'État demande à la chaîne publique de réaliser entre 2009 et 2012, soit la période pendant laquelle sera compensée, à hauteur de 450 millions d'euros, la suppression de la publicité ?
Je rappelle que, face aux 800 millions d'euros de manque à gagner induits par la suppression de la publicité, la commission Copé avait prévu 150 millions d'économies ; nous en sommes, là, à 175 millions par an !