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Intervention de George Pau-Langevin

Réunion du 19 février 2009 à 9h30
Lutte contre les discriminations — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeorge Pau-Langevin, rapporteure de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République :

Le plus fort est que vous en arrivez à la conclusion qu'il est inutile de discuter parce qu'il n'y a pas de discrimination liée à l'origine, la discrimination sociale étant la seule que vous reconnaissez. Circulez, il n'y a rien à voir ! (Murmures sur les bancs du groupe UMP.)

À toutes les personnes qui ont, quotidiennement, le sentiment d'être niées dans leur identité et dans leur dignité parce qu'elles n'ont pas la même couleur de peau ou la même origine géographique que les autres, vous dites que la discrimination dont elles font l'objet vient simplement du fait qu'elles sont pauvres ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Il est vrai que l'on peut cumuler et que – pour faire référence à une célèbre phrase de Coluche – pour ceux qui ont la malchance d'être à la fois pauvres et d'un aspect différent, c'est très dur ! En revanche, il est impensable de réduire les discriminations à la question des origines sociales : cela revient à voiler une partie de la vérité.

Vous nous parlez du facteur d'intégration que doit constituer l'école. Or nous sommes les premiers à être intimement convaincus que l'école est le premier pas vers l'égalité. Puisque quelqu'un m'a accusée de ne pas savoir ce qu'est l'outre-mer, je vous renvoie à ce magnifique livre de Joseph Zobel, où il raconte la lutte menée par la famille d'un jeune paysan des Antilles afin que celui-ci puisse aller à l'école, accéder au savoir et aspirer à l'égalité.

Les enseignants de France accomplissent un travail extraordinaire, que nous saluons. C'est la raison pour laquelle nous n'acceptons pas la réduction des crédits pour l'école. Dans ma circonscription, qui comprend une partie du 20e arrondissement de Paris, nous nous sommes battus contre la fermeture d'écoles maternelles ; de même, nous nous opposons à la suppression des RASED. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Nous sommes également conscients de l'importance de l'École de la deuxième chance créée par Édith Cresson et dirigée à Paris par Olivier Jospin.

Ne nous dites pas que, pour lutter contre les discriminations, il faut attendre d'avoir avancé sur la plupart des autres questions. Tous ces sujets, liés mais distincts, doivent être traités en parallèles. Si vous le vouliez, vous pourriez engager dès aujourd'hui la lutte contre les discriminations.

Certes, nous avons transcrit la directive européenne, mais convenez, madame Vasseur, que nous ne l'avons fait qu'après avoir été mis en demeure par l'Europe, et d'une manière qui n'est pas satisfaisante : non content de restreindre la définition initiale et de défigurer la notion de discrimination indirecte, on a refusé d'inscrire dans notre droit l'action positive.

Le Président de la République affirme la nécessité de progresser dans ce domaine, mais force est de constater la frilosité de la majorité qui se refuse à avancer. Compte tenu de l'amertume qui touche certains quartiers et certaines régions de la République, vous avez infiniment tort de ne pas vouloir avancer rapidement sur ce sujet. J'adjure la majorité de revoir sa position. À défaut, vous feriez courir un grand risque à la paix sociale ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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