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...ce que les porte-parole du groupe soient Marietta Karamanli, Serge Letchimy et moi-même, c'est-à-dire des Français un peu particuliers. Nous nous demandons ce que vous cherchez avec ce débat. Cherchez-vous à dire que certains Français sont plus respectables que d'autres ? Voulez-vous dire aux étrangers qui viennent travailler dans notre pays qu'ils doivent renoncer à leur propre identité, à leur histoire personnelle ? Permettez-moi d'évoquer ma propre histoire : je suis née en Guadeloupe, j'ai des ancêtres qui sont venus d'Afrique, j'avais une grand-mère indienne, je suis mariée à un Parisien et mon petit-fils nouveau-né est à moitié kabyle. J'ai l'impression que nous sommes une famille française comme beaucoup d'autres. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC.) Ce débat n'est pas ...
...entité nationale. » Pour nous, la racine, c'est l'éducation, et je ne comprends pas que ce pays, qui a su apprendre à des milliers d'enfants à travers le monde, avec leurs cheveux crépus ou leurs cheveux frisés, ce poème de Joachim du Bellay : « France, mère des arts, des armes et des lois », ne soit plus capable de l'enseigner aux enfants des banlieues. C'est quand on réduit l'enseignement de l'histoire, comme il en est aujourd'hui question, qu'on arrache la racine. Enseigner l'histoire, c'est effectivement enseigner l'histoire de France, avec ses pages glorieuses, mais aussi avec ses pages sombres.
Il faut parler de l'esclavage, de la colonisation, de la collaboration, des guerres parfois sanglantes de la décolonisation. Tout cela fait partie de notre histoire, tout cela révèle parfois l'intolérance, l'avidité excessive et l'exploitation de l'homme par l'homme, qui vont à l'encontre de l'idéal de la nation. En intégrant au récit national ces faits et ces éclairages qui, jusqu'alors, étaient sous-estimés ou passés sous silence, on permet le partage d'une mémoire, ce qui est très important pour des gens qui ont souvent eu l'impression de ne pas être inté...
...ur odeur, escortés de leurs punaises... » Il faut le savoir, des propos de ce type ont été tenus, mais, au même moment ou un peu plus tard, d'autres, que l'on a déjà longuement cités, comme Braudel, ont affirmé que la France était diversité : diversité des paysages, diversité des hommes, diversité des couleurs. Ainsi Braudel écrivait-il : « Tant d' immigrés , depuis si longtemps, depuis notre préhistoire jusqu'à l'histoire très récente, ont réussi à faire naufrage sans trop de bruit dans la masse française que l'on pourrait dire, en s'amusant, que tous les Français, si le regard se reporte aux siècles [ ] qui ont précédé notre temps, sont fils d'immigrés. » (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) La querelle que vous lancez aujourd'hui, à propos des bons et des moins bons França...
... lettre morte. La loi Taubira, votée en 2001, allait dans le même sens. Pourtant, en 2004, les instructions données aux professeurs de la ville de Paris étaient encore peu précises, amenant la mairie à éditer une petite brochure afin d'aider les enseignants désirant aborder ces questions. Si les questions de l'esclavage, de la colonisation et de la Shoah sont désormais abordées dans les livres d'histoire, quel schéma pédagogique est donné aux enseignants ? La plupart d'entre eux n'ont en effet pas beaucoup étudié ces questions, du moins certaines d'entre elles, et la difficulté pour eux sera non seulement d'aborder le sujet, parce qu'il faut le faire dans le cadre des valeurs de notre République, mais de le faire avec neutralité et d'une manière utile à la formation des citoyens. M. Vanneste se ...
Le film « Entre les murs » a été évoqué. Ne sommes-nous pas en train de mélanger deux problèmes, celui de savoir comment enseigner l'histoire et notamment des pans de l'histoire plus ou moins agréables et celui de savoir comment faire pour que nos jeunes, de quelque origine qu'ils soient, se sentent citoyens de la Nation ? Ne demande-t-on pas trop à l'histoire et aux lois mémorielles ? Il y a peut-être à l'école d'autres moments, d'autres manières, d'autres luttes contre les discriminations qui pourraient aider ces jeunes à se sent...
...s, en évoquant ce type de combattants, sera peut être de nature à répondre à la préoccupation de notre collègue Vanneste. Certains jeunes ne trouvent peut-être pas leur place dans l'espace républicain parce qu'une partie de ce qu'ils représentent ou le sacrifice de leurs ancêtres ont été oubliés. Ce faisant on contribuera à ce que la Marseillaise soit davantage reprise parce que leur passé dans l'histoire de notre pays sera davantage connu. Par ailleurs certaines associations d'anciens combattants ont trouvé que leur mémoire et le budget de votre ministère étaient particulièrement maltraités par rapport à leurs attentes et à l'importance de certains combats.
Je voudrais redire à M. Becker que nous ne sommes pas du tout dans un débat sur la repentance. Je ne connais personne qui ait réclamé, où que ce soit, une repentance de qui que ce soit. Ce que l'on attend, c'est que les commémorations regroupent bien toutes les phases de notre histoire. Or l'esclavage en était absent, et il est bon qu'il soit réintégré dans la mémoire nationale. Il ne s'agit pas de rappeler un certain nombre de faits pour attiser des conflits. M. Kodderitzsch a relaté, avec beaucoup d'émotion, la souffrance de quelques-uns. Aujourd'hui, nous cherchons, par les commémorations, à faire en sorte que l'on puisse partager. En ce sens, les commémorations sont un moy...
...de Raphaël Confiant, pensez-vous que les vôtres puissent faciliter la création d'une mémoire commune ? La question n'est pas d'exiger la repentance des esclavagistes dans le monde entier mais de rappeler que la France, notre pays, a en l'occurrence une responsabilité en la matière. Lorsque le Parlement français a évoqué la traite négrière, il l'a fait en tant que cette dernière a fait partie de l'histoire nationale française. Il est vrai qu'il est toujours plus facile de battre sa coulpe sur la poitrine des autres Quoi qu'il en soit, ce n'est pas en opposant la bibliothèque de Tocqueville à la loi Taubira que l'on fera avancer le débat ! Comment donc rattraper les dégâts provoqués par un certain nombre de propos à l'emporte-pièce ?
Je ne suis pas totalement d'accord avec certaines choses que vous avez dites. Je conviens avec vous que le Parlement n'a pas pour tâche de parler de tout sujet historique. Mais il lui incombe de fixer des règles de vivre-ensemble. Il faut donc constituer un consensus commun pour avancer. Quand on décide de célébrer des dates symboliques, marques de notre histoire commune, c'est précisément pour définir dans quel sens on va construire la nation. Il me semble un peu dangereux de se passer de la connaissance d'un certain passé, ne serait-ce que pour éviter de recommencer certaines erreurs. C'est la raison pour laquelle on célèbre la guerre de 1914 ou la victoire de 1945. La loi Gayssot a été votée parce qu'on s'est rendu compte que, le temps passant, les tém...
L'histoire n'est pas monolithique. Il y a toujours eu dans la société française des gens qui se sont battus. S'agissant de l'esclavage, certains philosophes se sont levés pour expliquer qu'il était contraire aux principes de la République.
Nous parlons de l'Histoire de France.
Nous ne sommes pas en train de faire l'histoire de la Turquie.
Un détail Le rétablissement de l'esclavage Un petit détail de l'Histoire
...e récente, ce qui n'est pas le cas des Antillais en France, lesquels ont par ailleurs toujours cru, dès lors qu'ils adhéraient aux valeurs républicaines, qu'ils seraient les égaux des métropolitains. C'est parce que cette promesse n'a pas été tenue que la tentation d'un retour en arrière et d'une remise en cause du modèle national s'est développée. Les ex-colonisés, en voulant relater leur propre histoire, ne s'inscrivent donc pas dans une démarche communautariste mais ils visent à interpeller la société en lui rappelant les promesses du pacte républicain. Les lois mémorielles, sans être absolument satisfaisantes, tendent moins à isoler une communauté qu'à l'inscrire dans un ensemble national. Comment faire pour que ces mémoires singulières s'insèrent mieux encore au sein de la mémoire collective ...
Si le législateur peut en effet indiquer des dates historiques de commémorations, il ne me semble pas en revanche opportun d'opposer une histoire nationale à une histoire régionale, régionaliste ou communautaire. On a trop souvent entendu une partie seulement du peuple français, or, les questions mémorielles se posent dès lors que ceux qui n'avaient pas la parole la prennent. Lorsqu'il s'est agi de débaptiser la rue Richepanse, certains ont parlé de régionalisme ou de communautarisme en raison de l'attitude des Antillais qui ne portent guè...